Les milliardaires des marchés émergents choyés par les banquiers privés suisses
Russie, Amérique latine, Moyen-Orient, Asie : autant de zones géographiques dont les banques suisses entendent bien capter la clientèle, surtout que la hausse des matières premières a permis d'y multiplier le nombre de milliardaires. Les banques suisses entendent donc bien renforcer leur dispositif international vers ces destinations qu'elles considèrent comme des axes de développement prioritaires.
Les patrons de Credit Suisse et Julius Bär ont rappelé devant un parterre d'investisseurs réunis à Londres que les marchés émergents offraient le plus gros potentiel de croissance en banque privée. Pour preuve, dans une étude commune, Merrill Lynch et Cap Gemini rappellent que les actifs détenus par les grosses fortunes devraient augmenter chaque année de 12,8 % pour l'Asie et de 6,8 % pour l'Amérique latine d'ici à 2013.
Conscients de la difficulté d'attirer des capitaux étrangers dans un climat de scandales à répétition (UBS, évadés fiscaux, bouclier fiscal italien...), les dirigeants des grands groupes bancaires se montrent plus déterminés que jamais. Julius Bär, qui a récemment ouvert des bureaux en Amérique latine (Caracas, Lima, Santiago) est actuellement à la recherche d'acquisitions à l'étranger , a confirmé son PDG Dieter Enkelmann (Wall Street Journal), qui souhaite par ailleurs faire de l'Asie la deuxième implantation de la banque.
Des profils hautement qualifiés
Les banques étrangères basées en Suisses sont elles aussi aux aguets. C'est notamment le cas de Société Générale Private Banking qui va ouvrir un département Moyen-Orient à Genève, en recrutant 5 conseillers privés exclusivement dédiés à la clientèle fortunée du Moyen-Orient. De plus, la banque a fait savoir dans un communiqué qu'elle renforçait son dispositif pour la clientèle russe fortunée. Pour ce faire, elle a recruté de 8 nouveaux conseillers privés et créé un département clientèle russe à Zurich.
Dorénavant, les équipes de conseillers de la filiale de gestion de fortune du groupe bancaire français comptent 28 collaborateurs exclusivement dédiés à cette ligne client, répartis entre les bureaux de Genève et de Zurich, en plus des équipes déjà présentes à Londres, Monaco et Singapour. Inutile de spécifier que les profils recherchés sont hautement qualifiés . Ainsi, Avy Burstin, le tout nouveau directeur du département zurichois, en plus de son expérience à l'international, est diplômé de l'IEP Strasbourg, titulaire du CFA, d'un master de la LES et d'un MBA en finance dans une business school de Chicago.
La concurrence sera d'autant plus rude que tous les établissements bancaires ne pourront être de la partie : alors que sa division de gestion privée affiche encore des pertes, Natixis va fermer prochainement son bureau de Genève ouvert en 2008, fait savoir l'Agefi.