BNP Paribas Fortis ou comment réussir une fusion
Les analystes sont restés cois. BNP Paribas a dégagé un bénéfice net de 2,28 milliards d'euros sur le 1er trimestre 2010 (plus de deux fois le résultat affiché par SG hier). Le consensus prévoyait timidement 1,64 milliard d'euros. Et l'analyste Pierre Chedeville chez CM-CIC Securities de titrer sa note ce matin "le rouleau-compresseur en action".
Ces très bons résultats ont permis d'éclipser une exposition pas "si négligeable" sur la dette grecque, soit 5 milliards d'euros, à quoi s'ajoutent trois milliards d'engagements commerciaux sur des entreprises privées grecques. Un chiffre bien plus important que les trois milliards d'euros annoncés la veille par la SocGen.
Le chantier (payant) du rapprochement des activités CIB
La fusion avec Fortis, officialisée en mai dernier, porte donc déjà ses fruits. Plus de 85% des 1.161 projets de rapprochement lancés dans la foulée ont été menés à leur terme. Les activités CIB, qui constituent 34% des revenus du groupe au 1er trimestre, représentent le plus gros chantier avec 373 projets.
BNP Paribas CIB a réussi à maintenir les niveaux record de revenus du 1er trimestre 2009, grâce à Fortis et un recul des provisions pour pertes sur le crédit. Le produit net bancaire pour la BFI est stable (+0,6%) sur un an, à 3,7 milliards d'euros, et en baisse de 12,4% hors Fortis.
En comparaison, les revenus de SGCIB se sont inscris en nette hausse par rapport à la même période l'an passé, soit +78% à 2,1 milliards d'euros.
Sur le trimestre précédent, le PNB (incluant Fortis) est, en revanche, en hausse de 53,8%. Les performances du Conseil et des Marchés de capitaux y sont pour beaucoup (+97% versus -2,5% pour les métiers de Financement).
Fixed Income à la peine
L'addition des activités de Fortis a permis de compenser les résultats en baisse des métiers de taux, tendance également constatée chez SG et d'autres banques européennes. Le fixed income, activité phare chez BNP Paribas, a en effet perdu du terrain sur un an, avec des revenus en baisse de 35,3%, à 1,9 milliard d'euros.
La banque a d'ailleurs récemment subi un certain nombre de départs de professionnels dans cette activité pour des établissements concurrents.
Les revenus du métier Actions et Conseil, qui incluent aussi bien les activités M&A que les dérivés actions, enregistrent en revanche un incroyable rebond à 845 millions d'euros (contre 36 un an plus tôt, soit +2.200% !), meilleur niveau trimestriel historique. Les métiers de financement ont connu également une belle progression sur un an (+29,6%, à 1 milliard d'euros).
Recrutements "selectifs" et modération dans les rémunérations
Dans une interview avec Bloomberg, Baudouin prot, directeur general, a évoqué des "recrutements sélectifs" cette année, notamment de sales aux Etats-Unis et dans les activités de conseil en Europe.
Des propos qui tranchent avec les ambitions affichées de SocGen. Après avoir évoqué 500 recrutements en front-office sur les 18 prochains mois, SG parle maintenant de 600 à 1.200 embauches sur l'ensemble de la division CIB et pour 2010 uniquement. La priorité est toujours donnée au fixed income et aux marchés américains et asiatiques.
Côté rémunération, la modération semble toujours d'actualité. Les frais de gestion pour le 1er trimestre, une donnée certes quelque peu imprécise mais qui donne toutefois la tendance (faute d'avoir accès au ratio de compensation), sont en baisse de 8,6% sur un an (hors Fortis) alors qu'ils sont en hausse de 20% chez SG CIB sur la même période.