La discipline chez BNP Paribas - plus grande banque du monde - continue de payer
Une fois encore, BNP Paribas ne déçoit pas. Désormais la plus grande banque du monde avec 2, 24 trillions d'euros d'actifs (en hausse de 34% sur trois ans) - l'équivalent de Bank of America et Morgan Stanley combinés - BNPP a dégagé un bénéfice net (part du groupe) de 1,9 milliard d'euros au 3eme trimestre, en hausse de 46% sur un an.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le bénéfice net de BNP Paribas ressort en hausse de 41% à plus de six milliards, à comparer aux trois milliards d'euros de la Société Générale, dont les (bons) résultats pour T3 ont été publiés hier.
Bref, des chiffres qui confirment son statut de grande banque de l'après-crise , selon les mots de son directeur général Baudoin Prot.
Grossir, oui mais dans le retail
La banque de la rue d'Antin a enflé de manière impressionnante depuis 2000, en dépensant 43 milliards d'euros en acquisitions, selon Bloomberg. Ses effectifs ont également doublé en l'espace de 6 ans pour atteindre 200.000 employés.
Cette croissance exponentielle a bénéficié d'un management professionnel , selon Baudoin Prot, cité récemment par The Economist. Comprenez : la direction n'a pas cédé aux chants de sa banque d'investissement, qu'elle a bridée. Celle-ci contribue à environ un tiers du résultat d'exploitation cette année contre quasi la moitié en 99, selon le journal.
Cette redistribution des activités s'est fait au profit de la banque de détail, aujourd'hui première activité du groupe, principalement grâce au rachat de Fortis. Sur ce pôle d'activité, les résultats avant impôt au troisième trimestre, ont plus que doubler sur un an. Les résultats sont en forte hausse en Belgique et au Luxembourg, alors que les synergies liées à l'intégration de Fortis sont en avance de plus de six mois sur le plan annoncé , selon Baudouin Prot.
Les activités d'asset management et de private banking, dirigées par Jacques d'Estais (l'ex-directeur de la BFI), ne sont pas en reste. Pour les neuf premiers mois de 2010, le résultat avant impôt de l'activité de gestion institutionnelle et privée est en hausse de 40,5% sur un an.
Une BFI qui résiste bien...
Concernant la BFI enfin, le résultat avant impôt - 518 millions d'euros - est en-deçà du consensus des analystes qui anticipaient 611 millions. Comme SGCIB, BNP Paribas signe toutefois un meilleur T3 que T2 avec des revenus en hausse de 7%. Les revenus du fixed income sont en baisse de 4% (contre -2% chez SocGen) et en forte hausse sur les actions, soit +95% (contre +79% chez SocGen). En revanche, les métiers du financement déçoivent avec des revenus en baisse de 2% (contre +11% chez SG).
Pour les neuf premiers mois de 2010, les revenus reculent de 16% (contre -30% chez SG). C'est mieux que dans la plupart des banques d'investissement. Dans le même temps, BNPP a gardé ses frais de gestion sous contrôle, en légère hausse de 1,3% (contre +7% chez SG), et ce malgré un renforcement des dispositifs de Fixed Income et de financements structurés, particulièrement aux Etats-Unis et en Asie et l'annonce récente d'un plan de 200 embauches sur les marchés actions et dans la banque d'affaires.
...grâce à une grande rigueur en matière de coûts
Contrairement à ses concurrentes lestées par des coûts en forte hausse, en raison de recrutements massifs, BNPP s'est montré particulièrement prudente même zélée. Sur l'ensemble des activités BFI, son coefficient d'exploitation est au meilleur niveau de l'industrie , assure la banque, chiffres à l'appui : soit 52,5% (58,1% chez SG, 59,3% BofA, 65% JPM et DB, 77,2% pour CS et 79,5% ! chez UBS).
Rappelons que la banque s'est montré l'un des établissements les plus vertueux sur le plan des bonus versés en 2009. La part des revenus allouée aux rémunérations dans la banque de financement et d'investissement a été ramenée de 40% à 27,7% l'an dernier.
Sur longue période, BNP Paribas maintient chaque année dans l'entreprise autour des deux tiers de ses bénéfices pour recycler ses bénéfices sous forme de fonds propres , a souligné Baudouin Prot.
Pas étonnant que BNP Paribas soit devenue le chouchou des analystes, avec 81% de recommandations d'achat sur les 3 derniers mois, selon Bloomberg. Le plus haut score réalisé parmi les 10 plus importantes banques au monde.