La personnalité idéale pour travailler dans le secteur bancaire
A l’occasion d’une table ronde organisée lors du symposium de Saint-Gall en Suisse auquel il participait, le patron d’UBS Sergio Ermotti a reconnu qu’il pouvait y avoir quelques personnages hauts en couleur au sein de son établissement. « Bien sûr, il y a des gens prédisposés à une certaine folie que notre processus de sélection n’est pas à même de déceler », a t-il déclaré aux participants. S’il va sans dire que la « folie » n’est clairement pas le critère recherché pour un candidat en banque d’investissement, interrogeons-nous sur les traits de personnalités les plus appréciés…
D’après John Hackston, responsable de la recherche et du développement chez la société OPP spécialisée dans la psychologie des affaires et l’évaluation de la personnalité, il n’est pas possible de définir une personnalité idéale unique qui s’appliquerait à chaque emploi en banque d’investissement. Les banques sont néanmoins désireuses de cerner les traits de la personnalité idéale pour un type de poste donné. La personnalité a toujours été considérée comme importante dans le secteur bancaire, mais depuis la crise, c’est encore plus vrai. « La personnalité et la culture sous-tendent les comportements », observe John Hackston.
Tandis que les meilleurs traders ont tendance à être des preneurs de risques extravertis et les meilleurs développeurs quantitatifs des pédants introvertis, on peut cependant établir la personnalité du banquier idéal sur la base de quelques points communs. Et cette personnalité a évolué depuis la crise.
1. Un banquier doit être résistant
Comme nous l’avions indiqué l’an dernier, la résistance devient le super-différenciateur dans les carrières en finance. « Le facteur n°1 de différenciation parmi des financiers est la résistance. Vous devez avoir un cuir épais. Le secteur bancaire est un environnement fluctuant où les choses changent très rapidement. A défaut d’un ego suffisamment élevé, travailler dans ce genre d’atmosphère vous pèsera », reconnaît Graham Ward, professeur de leadership à l’INSEAD Business School et ancien co-responsable des actions européennes chez Goldman Sachs.
2. Un banquier doit être flexible
Si vous voulez travailler dans le secteur bancaire, mieux vaut ne pas être trop psychorigide. « Vous ne pouvez pas rester bloqué. La fluidité de l’environnement signifie que vous devez être mentalement agile et capable de faire face à l’ambiguïté », conseille Graham Ward.
3. Un banquier doit être tenace
« La banque est un long chemin semé d’embûches. Vous devez penser à votre carrière comme à un marathon : vous vivrez de grandes déceptions. Raisonnez sur le long terme. Ceux qui pensent à court terme tombent dans l’oubli », poursuit Graham Ward. « La ténacité est très importante pour nos fonctions de front office », confirme le responsable du recrutement d’une banque européenne qui fait passer des tests de personnalité aux candidats.
4. Un banquier doit être méticuleux
De l’avis de Peter Hahn, ancien banquier M&A senior chez Citigroup, la nature des banquiers seniors est en train de changer. Jadis, les dirigeants des banques d’investissement étaient souvent des preneurs de risques grégaires comme Bob Diamond. Désormais, ils ressemblent davantage à des technocrates comme Antony Jenkins. « Lorsqu’une industrie est en croissance rapide, elle se concentre sur les revenus. Mais lorsqu’elle ne se développe pas, l’accent doit être mis sur les coûts et la maîtrise complète des process et procédures », relève-t-il.
5. Un banquier doit être rationnel
Le responsable du recrutement d’un banque d’investissement, s’exprimant sous couvert d’anonymat, indique que lorsqu’il sélectionne de nouvelles recrues, il recherche des profils capables de justifier leurs prises de décision. « Il ne s’agit pas seulement de mesurer le résultat d’une décision, mais le processus de pensée à l’origine de ladite décision. Les personnes que nous embauchons doivent être en mesure de démontrer qu’ils ont considéré toutes les conséquences possibles », précise-t-il.
6. Un banquier doit être ouvert aux autres
Selon Paul Murphy, responsable du recrutement chez RBC Capital Markets, pas question de se contenter de réponses toutes faites. « Quand nous recrutons, nous voulons des gens capables de donner leurs propres idées et de les défendre avec motivation, mais aussi d’écouter et d’accepter les opinions des autres de manière réfléchie. L’ouverture aux autres est importante dans le secteur bancaire », explique-t-il. Un bon banquier doit écouter les opinions des autres. Gary Cohn, COO chez Goldman Sachs et ancien trader, a déclaré lors d’une conférence cette semaine qu’il avait fait des progrès pour tenter de devenir un « meilleure auditeur ».
7. Un banquier doit être convivial
La convivialité est toujours la bienvenue. « Nous sommes à la recherche de gens intéressants, perspicaces et de bonne compagnie, capables d’avoir de la conversation lors d’un dîner. Après tout, il s’agit d’être capable de travailler dans une pièce, en petit comité », déclare le responsable du recrutement d’une banque.
8. Un banquier doit être respectueux des règles
« Lorsque nous examinons des personnalités, l’une des choses que nous testons est la conscience du règlement. Il s’agit de voir dans quelle mesure vous suivez les règles et avez un sens aigu du devoir plutôt qu’ une vision plus opportune. Cela a toujours été important, mais depuis la crise financière ça l’est encore plus ! », conclut John Hackston.
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