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Ce qu'il y a derrière le fameux projet Mikado de Société Générale

Siège d'Accenture France à Paris

La Société Générale, malgré des résultats salués par la bourse, maintient le cap et poursuit ses efforts. Une saga qui depuis deux ans domine son actualité, entre les différents plans de suppressions de postes et de réorganisation des services. Dans cette série, les départs ont toujours été mis au premier plan, reléguant à un rôle quasi anecdotique son plan de réorganisation du back office de la BFI, désigné sous le terme aventureux de projet Mikado. Cette solution d’externalisation partielle s’intègre naturellement dans la politique d’économies du groupe et permet d’atteindre les objectifs de réduction des effectifs. Mais, à y regarder de plus près, c’est aussi une innovation qui pourrait transformer le secteur financier européen et la nature des activités de back office sur les marchés de capitaux. Une révolution qui rendrait obsolète le nom même de « back office ».

Accenture post-trade processing, première offre de back office titre externalisé en Europe

Le 18 juillet, Accenture et Broadridge ont annoncé le lancement d’Accenture post-trade processing, une filiale de droit français enregistrée en avril 2013. Filiale à 100 % d’Accenture, APTP doit entrer en phase opérationnelle le 14 octobre, selon les plans de ses créateurs. Aux États-Unis, Broadridge est déjà l'un des leaders de ce marché florissant des services externalisés de back office. Mais c’est une première en Europe. Le siège de la filiale est installé à La Défense, près des tours Société Générale. Sous la direction d’Eugenio Bonomi, Senior Managing Director d’Accenture, APTP emploiera à l’automne un peu plus de 250 employés, dont 150 à Paris, une centaine en Inde et une vingtaine à Londres.

De nouveaux métiers : de back office à cabinet de conseil

« Le but d’APTP est de proposer à des banques d’investissement sur les marchés Europe et Asie une offre complète de back office titres, un service qui couvre à la fois la gestion des opérations et la plateforme informatique », résume Philippe Vidal, directeur du secteur des Marchés de capitaux d'Accenture France et Benelux. Le développement de ce business répond en fait à un certain nombre de plus-values pour le client : économies de coûts par la standardisation des process, économies d’échelle par la mutualisation des back offices entre plusieurs banques, plus grande réactivité face aux évolutions réglementaires, amélioration du monitoring, ouverture sur de nouveaux marchés, portail de services modulable…

Chez Société Générale, on récuse l'idée selon laquelle il ne serait ici qu'une question d'économies. La CGT avait avancé en novembre 2012 le chiffre de 90 à 160 millions d’euros d'économies potentielles sur 10 ans. La direction avance pour sa part une stratégie plus globale : « avec les volumes sur les titres que nous avons qui sont des volumes de banque de financement et d’investissement moyenne, la mutualisation nous permet de continuer à offrir des services compétitifs à nos clients. Et c’est aussi une opportunité de bénéficier de nouveaux outils informatiques qui permettent de répondre aux nouvelles exigences réglementaires. » Il a fallu bien entendu évaluer les risques opérationnels et ceux inhérents au transfert d’information : le département responsable de la sécurité des opérations créé à la suite des évènements de 2008 s’est chargé d’étudier le dossier. Une série d'indicateurs de suivi a d'ailleurs été définie en liaison avec Accenture. Enfin, la sécurité et la continuité des traitements des produits titres seront également assurées par un nouveau département au sein de SGCIB qui supervisera les services fournis par Accenture Post-Trade Processing.

Côté Accenture, Philippe Vidal souligne l’innovation fondamentale de l’activité d’APTP : « on passe d’une logique de fonction de support d’une activité centre de profit à une situation où le back office est le cœur de métier centre de profit lui-même avec ses clients. Cette transformation amène plusieurs nouveautés : en plus des activités traditionnelles de back office, APTP va se doter d’une capacité technico-commerciale pour structurer ses services avec un pricing correspondant et définir des solutions et approches de transition adaptées à chaque banque, ce que nous appelons le solutioning ; par ailleurs, APTP met aussi en place un suivi des niveaux de service (SLA - Service Level Agreement) et un suivi de la relation avec ses clients ».

Une « volonté de croissance très forte »

Aux côtés des équipes métiers back office se constitue donc une équipe qui réfléchit spécifiquement à ces problématiques commerciales et de consulting, et qui est composée de personnes venues d’Accenture, de Société Générale et d’autres établissements, principalement de grandes banques anglo-saxonnes hors de France. Sans vouloir brandir d’objectifs chiffrés, Accenture avance une « volonté de croissance très forte ».

Il faudra trouver des clients pour cela. Du côté de BNP Paribas, on ne serait pas intéressé. On imagine bien que la rivalité avec Société Générale est un argument massue. Pour l’instant, BPCE et Crédit Agricole attendraient de voir, d’après une source proche du dossier. « Le modèle suscite de l’intérêt », commente Philippe Vidal. « La France n’est pas la priorité. Nous ne tablons pas sur le fait d’avoir immédiatement un second établissement à Paris. » La rumeur veut qu’une grande banque européenne s’apprête à signer à son tour.

Les difficultés du transfert

Tout dépendra aussi de la bonne marche du plan de transfert encore en cours à la Société Générale. L’entrée en phase opérationnelle le 14 octobre, « on n’y croit pas nous. Leur plan de marche ne s’est pas déroulé comme prévu », juge Michel Marchet, délégué syndical national CGT à la Société Générale. Les syndicats exigent deux garanties : des transferts sur la base du seul volontariat ; la possibilité pour tous les transférés d’un retour dans Société Générale, en cas de problème chez APTP. Après une première procédure judiciaire qui s’était soldée par un jugement en demi-teinte, la CGT envisage de porter à nouveau le dossier devant un juge.

Ce qui coince ? La Société Générale a organisé des campagnes de sondage pour recruter les volontaires et n’aurait pas réussi ainsi à atteindre les objectifs annoncés de 250 transferts par le volontariat. En solution de remplacement, la direction de SGCIB mettrait donc en place des missions externes prolongées sur des périodes de trois mois au sein d’APTP, dans l’espoir que les employés affectés en mission finissent par accepter. Une manière de contourner le principe du volontariat, les missions s’appliquant à des employés refusant le transfert. D’après la CGT, il y aurait 120 transférés volontaires seulement, et 60 missionnements prévus. En outre, au cours de l’été, Accenture aurait été contraint de lancer des recrutements externes pour compléter les rangs, qui ont fait l’objet d’annonces sur internet. Philippe Vidal assure que c’est à un niveau « complémentaire ».

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AUTEURJeremy Andre

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