Banque versus Consulting : quelle est la meilleure option pour votre carrière en finance ?
La banque d’investissement et le conseil en stratégie ressemblent étrangement à Antigua et aux îles Grenadines : tous deux attirent les élites – ou, selon les propres termes d’un ex-directeur de McKinsey, « des bourreaux de travail quasi compulsifs, peu sûrs d’eux, hyper-intellectuels, dotés d’un fort esprit analytique ».
Cela ne signifie pas pour autant que la banque et le conseil soient équivalents en termes de carrière. Comme Antigua et les Grenadines, ils présentent quelques différences, par ailleurs assez significatives. Si vous envisagez de faire carrière dans l’une ou l’autre branche, voici quelques pistes pour vous aider à prendre la bonne décision.
Vous voulez un salaire plus élevé ? Optez pour la banque
De toute évidence, si le salaire constitue pour vous le critère déterminant, choisissez la banque. Comme le montrent les chiffres ci-dessous du site de comparaison des salaires en finance Emolument.com, les carrières dans le front office en banque sont beaucoup plus lucratives que les carrières dans le conseil.
Mais, comme le souligne un ancien consultant chez McKinsey - qui a depuis rejoint la banque d’investissement, rester longtemps dans le conseil peut vous assurer un poste parmi le top des banquiers. Bien sûr, reconnaît-il, il est fort probable que vous auriez gagné plus dans la banque durant les dix premières années de votre carrière. Mais, précise-t-il, « dès lors que vous atteignez le niveau MD en banque d’investissement, votre salaire commence à plafonner ».
Alors que la rémunération en banque stagne à partir d’un certain stade, elle ne s’envole dans les cabinets de conseil comme McKinsey qu’à partir du niveau senior partner : « prenez le salaire médian d’un vétéran affichant 15 à 20 ans de carrière. Je suis prêt à parier que les consultants de McKinsey ou BCG seraient au niveau des banquiers les mieux payés. »
Vous privilégiez la sécurité de l'emploi ? Optez pour le consulting...
Nous y voilà : la sécurité de l’emploi. Vos chances de passer 15 à 20 ans dans le conseil sont très largement supérieures à celles de faire la même carrière dans la banque.
Prenons McKinsey & Co par exemple. Le cabinet emploie près de 30.000 personnes et ce nombre a plutôt tendance à augmenter au fil des ans. D'autres cabinets comme McKinsey et Boston Consulting plutôt prompts à prôner les réductions de coûts, semblent relativement préserver leurs salariés.
Même si la banque supprime des postes, les consultants continuent de très bien s’en sortir. D’où le postulat qu’une carrière en banque apparaît sensiblement plus risquée. Vous êtes certes mieux rémunéré, mais cela pourrait ne pas durer.
Vous voulez être libres les week-ends ? Choisissez le consulting...
Votre temps de travail dans la banque dépend largement du secteur dans lequel vous êtes employé. En sales et trading, vous devrez vous lever aux aurores, mais la clôture des marchés sonnera la fin de votre journée de travail. En investment banking division (IBD) en revanche (fusions-acquisitions ou marchés de capitaux), ce sera beaucoup plus aléatoire : les semaines de 100 heures ne sont pas rares, et les amitiés hors du secteur ont souvent du mal à résister à mesure que les week-ends et les vacances se raréfient face aux exigences professionnelles.
Cela dit, les consultants ne sont pas en reste. Ne perdez pas de vue qu’un consultant peut passer des semaines ‘sur la route’, à des kilomètres de chez lui. L’ancien consultant avec qui nous nous sommes entretenus nous a avoué que les nuits de semaine étaient souvent compliquées – avec des fins de journée autour de 10 heures du soir. Mais contrairement aux banquiers en IBD, les consultants sont rarement sollicités le week-end.
Il est vrai que les banques tentent de trouver une solution pour limiter le temps de travail. Certaines, au nombre desquelles Credit Suisse, Bank of America, Goldman Sachs et JPMorgan, ont mis en place des politiques visant à libérer des week-ends chaque mois pour les banquiers en IBD. Elles recrutent aussi plus de juniors afin de soulager leurs collaborateurs.
Les cabinets de conseil restent eux aussi vigilants quant aux heures de travail. Boston Consulting Group a mis en place une politique baptisée ‘Predictable Time Off’ qui prévoit d’attribuer à chaque consultant des ‘périodes de relâche prévisibles’ dès le début d’un projet. Durant ces périodes, BCG leur impose de couper totalement les ponts – sans même consulter leurs emails ni leurs messages téléphoniques.
Dans le même temps, McKinsey & Co a introduit il y a plusieurs années déjà un programme de flexibilité du travail, détaillé dans un rapport : les employés ont maintenant la possibilité de prendre des périodes de congé sans solde entre les projets, de travailler trois ou quatre jours par semaine, ou de prendre un congé sabbatique d’un an maximum.
Vous voulez moins de déplacements ? Choisissez la banque...
Le plus déprimant dans la vie d’un consultant est son style de vie. Si vous travaillez dans la banque, l’essentiel de vos déplacements se limitera aux allers-retours bureau-maison, à New York ou à Londres comme à Paris. Vous devrez peut-être beaucoup voyager si vous occupez un poste senior en prise avec les clients, mais si vous êtes banquier junior en M&A ou trader, vous passerez le plus clair de votre temps vissé à votre écran, sur le site même de votre port d’attache.
Rien de tout cela pour le consultant, pour qui les déplacements sont implicites. Et perpétuels ! Le fameux ‘McKinsey Client Model’ est on ne peut plus clair : « sur site chez le client du lundi au jeudi, et au bureau le vendredi, » comme le confirme un collaborateur de McKinsey. Le site du client peut se trouver à proximité de chez vous comme à des centaines de kilomètres. Si c’est le cas, vous passerez la majorité de vos nuits dans un hôtel sans âme. Ce qu’illustre l’ex-consultant devenu banquier en précisant : « les déplacements sont usants – vous êtes sur la route en permanence, sauf à décrocher un projet dans votre ville de résidence. »
Vous voulez un travail plus intéressant ? Optez pour le consulting...
Quid du travail au quotidien ? Les banquiers juniors en IBD passent leur temps à créer des modèles financiers sous Excel et des pitch books sous PowerPoint, tandis que les consultants s’acharnent à créer des modèles diagrammatiques et des présentations sous PowerPoint.
La différence essentielle tient donc à la modélisation financière en particulier et à la finance en général. Les banquiers juniors consacrent leur temps à étudier la valeur d’une entreprise et la structure de son capital alors que les consultants juniors réfléchissent à la stratégie d’une entreprise et à la structure de son organisation.
En théorie, la vie de consultant devrait être plus épanouissante du fait qu’ils sont amenés à mettre en œuvre leurs propres recommandations, mais selon un coach en carrières qui suit des consultants cherchant à rejoindre d’autres secteurs, ceux-ci souffrent de frustration – conséquence des interminables présentations et des opportunités trop rares qui s’offrent à eux de mettre leurs idées en pratique ; une frustration somme toute comparable à celle des banquiers juniors cantonnés à préparer des pitchbooks pour des deals M&A qui n’ont jamais abouti…
Selon notre banquier ex-McKinsey, la vie dans le conseil peut présenter un certain intérêt en raison de la diversité des projets. Mais le cadre en transition précise que les consultants juniors peuvent se voir affectés à toute une série de projets, dirigés par autant de partners au sein du cabinet, aux seules fins de préserver leur intérêt pour leur job – ce qui en soit peut vite s’avérer compliqué.
Vous voulez avoir plus de chances de rebondir ? Privilégiez le consulting...
Que se passe-t-il quand vous avez pris la décision de quitter la banque ou le conseil ? Si vous êtes consultant, vous pouvez toujours partir et devenir cadre supérieur dans le secteur où vous avez été actif. Quitter la banque en revanche semble bien moins évident. Les meilleurs banquiers d’investissement rejoignent le capital-investissement ou des hedge funds exploitant les aléas du marché.
Il arrive également qu’ils rejoignent des entreprises privées et intègrent des équipes chargées de conclure des deals en interne. Mais il y a souvent plus de banquiers désireux de quitter le secteur que de place pour eux sur le marché. Il est intéressant de constater combien il semble facile de quitter la banque pour le conseil alors que le chemin inverse est bien plus ardu.
En conclusion, si vous êtes malin, commencez par la banque pour passer ensuite au conseil en fonction de la progression de votre carrière. Vous pourrez ainsi tester les deux environnements. Et si vous ne parvenez pas à prendre une décision, prenez quelques minutes pour regarder cette vidéo …
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