Présidentielle 2017 : quel impact sur le recrutement en finance en France ?
La Présidentielle 2017 va t-elle peser sur le recrutement en finance dans l'Hexagone en attendant les résultats du deuxième tour des élections le 6 mai prochain ? Observe-t-on un certain attentisme dans les décisions de recrutement ou bien est-ce business as usual... ? Pour le savoir, nous nous sommes basés sur les témoignages de professionnels de la finance et du recrutement qui, en fonction des secteurs, vous indiquent ce à quoi il faut vous attendre ces prochaines semaines sur le marché de l'emploi en France...
« Je ne perçois pas à cet instant de réel impact. Les réflexions ou les recrutements se poursuivent sur une tendance prometteuse, mais variable selon les acteurs », indique Olivier Coustaing, associé au sein du cabinet de chasse de têtes Managers by Alexander Hughes Paris. « Certes nous sommes à une époque où tout peut changer vite, et les effets collatéraux d’un événement politique ou économique peuvent impacter un marché ou une tendance ».
BFI : attentisme des banques étrangères
« Les décideurs du secteur financier que je côtoie révèlent une certaine résilience et un optimisme plutôt en hausse. En revanche les 'affaires' qui jalonnent la campagne présidentielle augmentent l’inquiétude des acteurs étrangers sur le sujet », poursuit Olivier Coustaing. « A l’inverse, je perçois une certaine vigilance des acteurs financiers français quant aux bouleversements et aux changements politiques à l’échelle européenne voire mondiale ».
Les banques de la City désireuses de relocaliser une partie de leurs équipes sur Paris dans le sillage du Brexit se montrent donc prudentes. Même HSBC, qui avait déclaré en janvier vouloir rapatrier 1.000 salariés à Paris, opte pour la réserve. Ce qui fait dire à Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, que « le hub de Paris espère bien devenir plus compétitif après les élections ».
Finance de marché : vigilance accrue
Tout dépendra bien sûr des résultats. Si François Fillon et Emmanuel Macron sont plutôt considérés comme étant 'pro-business 'par les milieux financiers, une victoire de Marine le Pen pourrait entraîner une baisse des valeurs bancaires françaises (38% pour SocGen, 34% pour Natixis 30% pour Credit Agricole et 23% pour BNP), selon des analystes de Citigroup cités par Bloomberg.
« Les élections françaises ont peu d'impact sur les marchés », expliquait le mois dernier sur franceinfo Laurence Boone, cheffe économiste chez Axa Investment Managers et spécialiste de la gestion d'actifs, mais « ils font attention parce qu'ils pensent qu'il y a des enjeux majeurs avec de possibles changements extrêmement importants pour l'ensemble de la zone euro ».
M&A : business as usual...
A en juger les montants records d'acquisitions à l'étranger (35 milliards de dollars en huit semaines), les grands groupes français semblent passer outre la traditionnelle période de gel des fusions et acquitions en année électorale.Toutes transactions confondues, il s'agit même du meilleur début d'année qu'ait connu le marché français depuis 2006 !
Entre autres explications, on peut avancer qu'en cas de scénario extrême en France, ces grands groupes « considèrent qu'ils seront mieux protégés s'ils se renforcent à l'international », précise dans Les Echos Nicolas Desombre, co-responsable de la banque d'investissement en France de Citi. Vous l'aurez compris, c'est donc le bon moment d'envoyer votre CV si vous voulez travailler dans les M&A...
Finance d'entreprise : un impact contenu
Les grandes échéances électorales peuvent parfois être sources d’incertitudes et de questionnements au sein des entreprises. En conséquence, cette période de flou peut notamment engendrer des ralentissements sur certaines activités et plus globalement sur le business. Qu’en est-il au sein des directions financières ? Pour le savoir, le cabinet de recrutement Robert Half a interrogé 200 directeurs administratifs et financiers (DAF) il y a quelques semaines afin de mesurer la tendance.
Résultat des courses : « A l’approche de l’élection présidentielle, les directeurs administratifs et financiers expriment globalement de la confiance », indique Bruno Fadda, directeur chez Robert Half France. « Logiquement, même s’il existe quelques incertitudes, notamment chez les ETI, cristallisées sur leurs niveaux d’activités, leurs investissements et les recrutements, l’impact des élections devrait être globalement contenu sur le marché de l’emploi ».
Pour 23% des DAF interrogés dans cette enquête intitulée 'Elections présidentielles 2017 : quel impact sur l’activité des DAF ?', les processus de recrutement devraient être sensiblement retardés voire allongés. lls demeurent 35% à indiquer un impact possible mais tout à fait modéré, et 27 % à ne pas se soucier de l’échéance électorale dans leurs projets de recrutements.
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