BNP Paribas veut embaucher 75 personnes pour sa nouvelle division AI, basée à Paris et au Portugal
Jadis, la City se disputait les diplômés du Master en probabilité et finances de Nicole El Karoui de l'Université Paris-VI. Ses étudiants étaient alors recherchés pour être structureurs dérivés et managers risques quantitatifs par les banques londoniennes. Beaucoup d'entre eux occupent encore aujourd'hui des postes seniors à la City. Cependant, Nicole Karoui a pris sa retraite en 2004 et selon les meilleurs quants français, sa formation a été remplacée par du contenu plus adapté aux besoins actuels des banques en mathématiciens.
Les Karouis d'aujourd'hui sont Nizar Touzi, professeur de mathématiques appliquées à l'École Polytechnique et Nicolas Vayatis, directeur du Centre de mathématiques et de leurs applications (CMLA) à l'Université Paris-Saclay (ex-ENS Cachan). La formation en question est le Master en Mathématiques, Vision, Apprentissage (MVA). Son attrait ? Il forme les nouveaux et meilleurs mathématiciens de France aux techniques nécessaires pour travailler dans la data science ou l'intelligence artificielle.
« Les meilleurs mathématiciens ne veulent plus faire de dérivés », relève Édouard d'Archimbaud, responsable du laboratoire data et intelligence artificielle chez BNP Paribas à Paris. « Le MVA de Cachan est devenu la formation la plus réputée pour une carrière dans le machine learning ». Édouard d'Archimbaud est bien placé pour en parler. Diplômé de l'École Polytechnique avec un MVA en mathématiques appliquées, il dirige le laboratoire de données et d'intelligence artificielle (AI) de BNP Paribas.
Alors que des banques comme Citi ont monté de petites équipes en IA, BNP Paribas ambitionne de s'agrandir. À l'heure actuelle, la banque emploie 25 personnes dans son laboratoire, réparties entre Paris et Lisbonne au Portugal, mais l'objectif est d'en atteindre 100. Édouard d'Archimbaud recrute donc, lentement mais sûrement. « Nous recrutons environ 10 personnes par an.Nous sommes très prudents et souhaitons embaucher les bonnes personnes », précise-t-il.
A Paris, ces personnes sont susceptibles d'être des étudiants de Touzi et Vayatis. Grâce à leurs réalisations, les diplômés français semblent conserver leur position de leader dans la finance quantitative, le secteur incluant le machine learning. « Il y a un dicton qui dit que les Anglais sont bons en droit, les Américains en histoire et les Français en mathématiques », plaisante un collègue d'Archimbaud.
Au Portugal, l'unité d'Archimbaud est davantage susceptible de recruter auprès des universités de Lisbonne ou de Porto. Alors que des banques comme Morgan Stanley montent des unités quant en Hongrie, Édouard d'Archimbaud explique que le Portugal convient parfaitement à BNP Paribas : « Nous trouvons là-bas de bons profils, ce n'est pas très loin de Paris et c'est bon marché ».
S'exprimant lors du sommet de l'Intelligence Artificielle qui se tenait cette semaine à Londres, Édouard d'Archimbaud a déclaré que son unité développait de nouvelles interfaces entre les clients de la banque. Jusqu'à présent, il travaillait sur un programme de traduction pour les finances qui, selon ses dires, est plus précis que celui de Google.
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