Brexit : la France de Macron à la conquête des financiers de New York
Paris Europlace organisait mardi le New York International Financial Forum au Roosevelt Hotel situé à l'angle de la 45e rue est et de Madison Avenue. Un roadshow qui a rassemblé plus de 350 responsables financiers seniors parmi lesquels des investisseurs institutionnels, des émetteurs corporates, des banquiers et des assureurs venus échanger des informations sur les tendances financières internationales.
Objectif de l'organisme de promotion de la place financière parisienne : convaincre les investisseurs américains de l'attractivité de la place de Paris face aux incertitudes générées par le Brexit. « Il s'agit présenter les opportunités de business sur la place de Paris et de convaincre de l'opportunité de choisir la place financière française comme tête de pont pour les établissements financiers américains », indique Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace.
D'ores et déjà, les investissements US vers l'UE sont en hausse. Lors d'une table ronde sur les nouvelles opportunités post-Brexit offertes par les places financières d'europe continentale, Huw Richards, co-Head Investment Grade Finance chez J.P. Morgan a observé qu'il y avait eu « une augmentation du flux de capitaux des Etats-Unis vers les marchés européens, incluant les actions et le fixed income », et ce au profit notamment de la place parisienne.
La « roadmap » de Macron
En guise d'ouverture, Christian Noyer, président honoraire de la Banque de France, a lu une déclaration (en anglais) du nouveau président français. Il s'agit d'une feuille de route visant à construire une nouvelle France et accueillir les banques et les investisseurs américains en « faisant de notre économie une économie de succès, d'innovation et de compétences, en débloquant le marché du travail, en accélérant notre stratégie de soutien pour les entreprises, en encourageant l'initiative, les créations d'entreprises et l'innovation ».
«L'élection d'Emmanuel Macron a changé la donne pour Paris et renforce la position de la France comme principale place financière de la zone euro. Le rééquilibrage anticipé des activités financières post-Brexit à partir du Royaume-Uni vers les pays de l'UE aura un fort impact sur le futur paysage financier de la zone euro », précise Christian Noyer. « Paris est la seule véritable place financière dotée de l'infrastructure économique, des ressources humaines et culturelles pour faciliter cet afflux de nouveaux capitaux et talents ».
De son côté, Franck Margain, président de Paris Region Entreprises, rappelle que la région Paris-IDF est celle qui accueille le plus grand nombre de multinationales parmi toutes les autres places financières de la zone euro. « Paris accueille plus de 500 banques et institutions financières internationales qui répondent aux besoins financiers de cette large concentration de multinationales », précise-t-il.
Au menu : régulation, fintech et finance verte
Ces rencontres auront notamment été l'occasion de se concentrer sur les prochaines étapes de la réglementation (et déréglementation) financière en Europe et aux États-Unis, avec la participation de représentants des autorités et des acteurs du marché.
Autre sujet abordé : la fintech. « Avec plus de 1.200 entreprises Fintech en France, Paris est leader d'Europe continentale dans ce secteur, devant Berlin », indique Arnaud de Bresson. « Notre cadre réglementaire aide les entreprises Fintech à obtenir rapidement leur licence. Nos écoles d'ingénieurs reconnues et nos écoles high tech dédiées au codage fournissent un vivier unique de talents ».
La progression exponentielle de la France dans l'industrie Fintech représente une attraction majeure pour les investisseurs internationaux. Des pitchs ont été organisés par les CEO de sociétés fintech représentatifs de l'écosystème français comme Tiphaine Saltini, fondateur et président de Neuroprofiler ou Léonard de Tilly, CEO de Fundshop.
Enfin, l'intégration du financement vert et durable est un enjeu majeur abordé par la finance internationale qui lui aussi a été abordé par les acteurs des marchés, à l'heure où les investisseurs se retirent du charbon et des énergies fossiles et que le marché des obligations vertes (green bonds) augmente rapidement en France et à l'international.
« La disponibilité du capital mondial pour l'émission d'obligations vertes est essentielle à la réalisation des objectifs des accords de Paris », relève François Delattre, ambassadeur, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies. « Paris joue un rôle extrêmement important en tant que leader européen dans le financement des investissements durables. Ce rôle de leadership place Paris dans l'avant-garde de la promotion du développement durable dans le monde ». Ne reste plus qu'à espérer que tous ces arguments fassent mouche auprès des investisseurs newyorkais.