Il faut un garde du corps pour virer des banquiers en France
Au cours des 20 dernières années, j'ai occupé des postes seniors au sein de banques d'investissement pour la plupart françaises, à Londres, New York et Paris. Chaque fois que j'ai dû licencier des gens en France, j'avais un garde du corps dans la pièce – on ne sait jamais comment ça va se passer. La présence de la sécurité a au moins un mérite, celui d'empêcher les gens de sauter de l'autre côté de la table et de vous étrangler !
Licencier des gens en France est presque impossible. Il y a tellement de syndicats et de lois protégeant les droits des salariés qu'aucun d'entre eux ne s'attend vraiment à être licencié. Mais nous sommes dans le monde de la banque d'investissement - des restructurations se produisent tout le temps, les banques se développent aussi rapidement qu'elles réduisent la voilure. Les Français, du moins ceux qui sont dans l'Hexagone, ne savent pas comment affronter cela. Je dis cela, en passant, en tant que Français et fier de l'être...
Le Brexit est souvent dépeint comme un désastre potentiel pour la City de Londres et aussi une aubaine pour toute une flopée de banquiers français ou allemands qui n'attendent qu'une occasion, celle de rentrer chez eux. Mais si au final seule une poignée de Français et d'Allemands reviennent vers la mère patrie, ce sera mauvais pour le marché de l'emploi en Europe continentale.
Hormis le problème des licenciements, il y a un problème plus important encore. J'étais là dès le début, lorsque les banques françaises ont déménagé à Londres. Nous sommes progressivement passés d'un modèle consistant à embaucher principalement des traders, vendeurs et analystes à Paris vers un autre modèle consistant à puiser parmi les meilleurs talents internationaux présents à la City.
Ce qui constitue un avantage énorme. Du fait que les personnes parmi les plus talentueuses se trouvent à Londres, vous avez toutes les chances de rivaliser avec les meilleures banques internationales si vous êtes en mesure de recruter les bonnes personnes. Mais il est aussi beaucoup plus facile de se séparer d'elles lorsque ces dernières ne font pas l'affaire.
La chose que vous redoutez le plus lorsque vous avez embauché la mauvaise personne est d'avoir à naviguer dans les eaux complexes des lois sur le travail avant de pouvoir lui désigner la porte de sortie. A Londres, l'instinct de survie prévaut. Soit vous faites l'affaire soit vous êtes licencié. Et je n'ai jamais eu besoin d'un robuste gaillard mesurant 1 mètre 90 derrière moi pour annoncer ce genre de nouvelle.
Louis Brodeur, un pseudonyme, est un ancien trader d'une banque française à Londres
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