Big Four versus Audit interne : quand il faut choisir…
Faut-il chercher à vous faire recruter dans l’un des Big Four ou bien plutôt dans le département audit interne d’une grande entreprise ? En réalité, tout dépend de ce que vous attendez d’un employeur. Quel que soit le choix pour lequel vous optez, il y aura des avantages et des inconvénients.
Afin de choisir en connaissance de cause, nous vous proposons le regard croisé de deux chasseuses de têtes : Valérie Kolloffel-Clavert, associée chez Nicholas Angell à Paris et Jane Durant, associée chez WinterWyman's Accounting & Finance Search Division à Boston.
Avantages Big Four
Collègues au top : « Si vous travaillez dans un Big Four, vous serez entourés de gens particulièrement brillants. Vous serez amenés à travailler aussi bien avec des banquiers que des administrateurs de sociétés. Si vous n’êtes pas à la hauteur vous ne ferez pas de vieux os », fait remarquer Jane Durant. De son côté, Valérie Kolloffel-Clavert relativise en rappelant que l’audit interne permet lui aussi de faire des rencontres intéressantes.
Prestige : « Tout le monde connaît les Big Four, ce qui renforce votre crédibilité sur le marché de l’emploi », relève Jane Durant. Selon une enquête de la société de conseil en recrutement Vault.com menée auprès d’auditeurs, les Big Four arrivent en tête des entreprises qu’ils considèrent comme étant les plus prestigieuses. « Une expérience en Big Four demeure un sésame sur le marché du travail, notamment pour les candidats désireux de travailler dans l’audit interne où un passage chez un Big Four est vivement recommandé », poursuit Valérie Kolloffel-Clavert.
Salaire : « Les rémunérations dans les Big Four sont intéressantes, un peu moins si on les rapportent au nombre d’heures effectivement travaillées », relève Jane Durant. L’étude de rémunération nationale 2018 réalisée par le cabinet Hays indique qu’un auditeur junior travaillant dans un Big Four peut espérer, en moyenne, 35.000 € bruts. Un chiffre qui peut dépasser 50.000 euros après seulement deux à quatre années d’expérience. « Certains seniors managers et associés peuvent toucher jusqu’à plusieurs centaines de milliers de dollars par an », poursuit notre chasseuse de têtes américaine.
Avantages audit interne
Meilleure qualité de vie : « Les horaires sont moins contraignants que dans les Big Four, si bien que si vous avez des intérêts extra-professionnels, songez à fonder une famille ou bien voulez tout simplement passer plus de temps en dehors du bureau, cela peut être intéressant de travailler dans l’audit interne », note Jane Durand. Une analyse que ne partage pas Valérie Kolloffel-Clavert. « Les auditeurs internes des grandes entreprises se déplacent régulièrement à l’international pour auditer les différentes filiales et passent entre 30 et 70% de leur temps à l’étranger, ce qui, bien que passionnant et extrêmement formateur, n’est pas toujours optimal en termes d’équilibre vie professionnelle-vie privée », relève-t-elle.
Davantage de choix : Alors que les Big Four vous permettent de vous spécialiser, travailler dans un département d’audit interne requiert d’être plus généraliste. « Quel que soit votre domaine de spécialité, n’hésitez pas à lister les intitulés de jobs dans les secteurs qui vous intéressent », conseille Jane Durant. « L’audit interne est une véritable pépinière du groupe en matière de potentiel évolutif. C’est un poste qui permet de découvrir tous les métiers, tous les interlocuteurs du groupe et assure une vraie visibilité permettant aux meilleurs éléments d’évoluer vers des postes de directeurs financiers ou directeurs généraux », note Valérie Kolloffel-Clavert.
Un marché tendu : « Les départements financiers recherchent désespérément des profils auditeurs dotés d’une expérience allant de 2 à 10 ans », fait remarquer Jane Durant. « La volonté des entreprises de reconstruire leurs équipes et de renforcer leur pépinière a entraîné une nouvelle vague de recrutement sur les auditeurs internes et les contrôleurs financiers à dimension internationale. Structurellement, les entreprises sont en sous-effectif latent et le marché est en mal d’expertise au sein des équipes comptables et financières », rappelle t-on du côté du cabinet de recrutement Robert Walters.
Des salaires convenables : « La rémunération est meilleure que vous ne l’imaginez. Vous n’aurez pas forcément à subir une baisse de salaire si vous passez d’un Big Four à un département d’audit interne », poursuit Jane Durant. « Lorsque nous plaçons un auditeur interne, ce dernier peut prétendre aux alentours de 60 k€ bruts annuels lorsqu’il a cinq ans d’expérience et dans les 90 k€ avec huit d’expérience », précise Valérie Kolloffel-Clavert.
Un large spectre d’intervention : « Les Big Four font de l’audit comptable et financier tandis que le spectre d’intervention des auditeurs internes est beaucoup plus large », explique Valérie Kolloffel-Clavert. Si vous travaillez dans un Big Four, vous aurez à traiter avec de nombreux prospects. C’est parfait en termes de visibilité mais cela pourra limiter votre expertise. « En rejoignant un département d’audit interne, vous serez responsable d’une entreprise dans un secteur précis. Vous saurez où vous mettez les pieds et serez fortement impliqués dans un secteur que vous finirez par maîtriser parfaitement », conclut Jane Durant.
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