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Le financier que vous êtes est-il menacé de burn-out (ou de bore-out) 

Si vous travaillez dans le secteur bancaire ou d'autres secteurs de l’industrie financière, vous êtes probablement fréquemment - pour ne pas dire quotidiennement dans certains cas - confronté au stress. Les longues heures passées au bureau et en clientèle, la charge des responsabilités, la pression pour dégager des résultats à la hauteur des attentes du management – tout cela finit par s’additionner.

Et si certains sont clairement menacés de burn-out, d'autres souffrent du syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui ou bore-out. Un phénomène qui a pris tant d'ampleur ces dernières années que Christian Bourion rédacteur en chef de la Revue internationale de psychosociologie, lui a consacré un livre intitulé Le bore-out syndrome. Quand l'ennui au travail rend fou.

Face aux risques psycho-sociaux, tous les métiers financiers ne sont pas égaux. C'est pourquoi nous avons dressé une liste d'une douzaine de secteurs et de postes que nous avons proposée à de nombreux recruteurs et autres experts afin qu’ils classent les postes en fonction du niveau de stress auquel les employés sont généralement confrontés.

Voici les résultats de ces consultations, accompagnés de commentaires de ceux qui ont accepté d'expliquer les raisons de leur choix...

Les métiers en banque et finance les plus exposés au burn-out

Banque d'investissement : L’emballement pour cette première position du classement ne laisse pas la place au doute : ce métier arrive systématiquement dans le top 3 des jobs les plus stressants du monde financier. Et pour cause, les banquiers d'investissement sont confrontés aux deux principaux déclencheurs de stress au travail : la difficulté des tâches à réaliser associée à l'énorme quantité de travail requis, en particulier pour les associés et les analystes.

« La vie d'un banquier junior est l'une des dernières formes d'esclavage légalisé », commente Roy Cohen, un coach carrière et auteur de The Wall Street Professional’s Survival Guide. Ces professionnels se conditionnent en mode "survie", soit un rythme totalement harassant, défini par des nuits blanches, l’absence d’exercice et une alimentation peu équilibrée faute de temps. Le tout additionné à des rémunérations qui stagnent depuis plusieurs années ».

En banque d'investissement, on retrouve les plus hauts niveaux de stress au sein des équipes M&A, assure Richard Lipstein, directeur général du cabinet de chasse Gilbert Tweed International à Wall Street. « Le travail le plus stressant est celui pour lequel générer des revenus prend le plus de temps, explique-t-il. En fusions-acquisitions, il vous faut connaître les gens, décrocher des rendez-vous, proposer des services, convaincre, puis suivre le deal jusqu'au bout »

Trading : Le rythme de travail de la plupart des traders n’est pas comparable à celui des banquiers d’investissement. Néanmoins ces opérateurs de marchés expérimentent souvent une forme de stress plus nette et plus aiguë. «  Le trader subit un stress en temps réel, qui peut être déclenché instantanément », témoigne Sal Khan, directeur général au sein du cabinet de recrutement Dynamics Associates.

Évidemment la vie des traders ne se ressemble pas. « Les traders sell-side vivent et meurent tous les jours », affirme Roy Cohen. Dans le contexte actuel, les traders sur les produits de taux connaissent des niveaux de stress probablement jamais connus du fait tout simplement des conditions de marché. « Leur activité est en baisse - il y aura forcément des suppressions de postes, et ils le savent », relève Richard Lipstein.

Gestion des risques et conformité : Il y a quelques années, ces postes n’auraient pas atterri en haut de ce classement. Les professionnels des risques et de la compliance ne sont pas autant payés que les traders et les banquiers d’investissement mais sont pourtant bien dans la même cocotte-minute que leurs collègues. La raison pour laquelle ces experts arrivent seulement en troisième position tient au fait que la pénurie de professionnels qualifiés leur permet d’avoir une certaine sécurité de l’emploi.

« L’avalanche de nouvelles exigences réglementaires fait que les régulateurs tout comme le management de l’entreprise sont constamment après eux, ne leur laissant aucun répit », relève Lisa Mogilner, consultante au sein du cabinet Dynamics Associates. En outre, les membres de l’équipe compliance, pointés du doigt comme des personnels ne générant pas de revenus, sont souvent déconsidérés par leurs collègues commerciaux cherchant désespérément le feu vert pour une transaction, ajoute Roy Cohen. Ils ont, dans le même temps, quelques squelettes dans leur placard (Baleine de Londres, le Libor, la crise du crédit) qui alimentent leur stress régulièrement. Les professionnels les plus à risques, selon Sal Khan, sont les employés en charge de la gestion des risques de marché et des risques de crédit.

Gestion de fortune : Ce métier ne met pas tout le monde d’accord, apparaissant selon les enquêtés soit en haut ou tout en bas de leur classement. Les gérants de fortune font face à une forme de stress particulière puisqu’ils ne « mangent que ce qu’ils tuent ». Aux Etats-Unis en particulier, ces banquiers privés se font licencier aussi souvent qu'ils se font embaucher. Un wealth manager américain, qui a débuté sur son poste il y a cinq ans, nous a affirmé qu’il était le seul membre restant d’une équipe de 30 collaborateurs toujours employé par son établissement. C'est un pur travail de vente, et votre cible est souvent votre entourage (amis, famille…). Vous commencez avec un salaire fixe minimum et devez vendre pour conserver votre emploi. En outre, par nature, la gestion de patrimoine est une relation d'affaires. Mais contrairement au vendeur institutionnel, ici vos sentiments - et pas seulement votre portefeuille - est en jeu dans chaque investissement, rappelle Richard Lipstein.

Vente institutionnelle : Tout emploi mettant l’accent sur les ventes est source de stress. Ajoutez à cela le fait que la sécurité de l'emploi et le plafond des salaires ne sont plus ce qu'ils étaient, et la vente auprès des institutionnels entre dans une zone à risques. « Comme la technologie automatise une grande partie de la fonction, le besoin d’une interface humaine disparaît, relève Roy Cohen. Comme les produits sont de plus en plus standardisés, les vendeurs peinent à proposer une vraie plus-value et dégager de confortables commissions »

Conseil en management : Il est ici question de longues heures de travail, d’implication dans le travail, et de nombreux déplacements. Autrement dit, les consultants doivent toujours être au taquet, toujours à jongler entre des problèmes complexes. « Et plus haut vous montez dans la hiérarchie et plus il y a de pression pour que vous génériez de nouveaux contrats, tout en continuant à exécuter les deals, explique Anne Crowley, directeur général chez Jay Gaines and Company. Certaines personnes sont faites pour cela, et restent motivées par le rythme rapide et la variété des défis à relever. » D'autres le sont moins.

Private equity : Le secteur est exigeant à l’égard de ses employés, qui doivent avoir une forte capacité d’analyse, être travailleur et flexible. Néanmoins le rythme de vie n’est pas aussi intense que celui des banquiers d'investissement et le salaire peut être en revanche supérieur, surtout pour les postes les plus seniors.

Analyse / Recherche (secteur industriel) : Beaucoup de gérants et de traders très riches, très passionnés, et au tempérament explosif, s'appuient sur la recherche des analystes, qui, souvent, récoltent plus de blâmes que d'éloges, en particulier du côté buy-side. « Vous agonisez à chaque décision qu’il vous faut prendre, puis après que chaque décision ait été prise », résume Richard Lipstein.

Gestion de fonds : Placé tout juste derrière les postes de recherche et d’analyse, les gérants ont le dernier mot en matière d’investissement – une responsabilité forcément stressante. Néanmoins, ils ont l'ancienneté qui les autorise à ne pas mettre les mains dans le cambouis, et disposent probablement d’un compte bancaire bien fourni, suffisamment de quoi être détendu.

Les métiers en banque et finance les plus exposés au bore-out

Informatique : Comme dans les métiers du risque et de la compliance, les pros de l’IT sont (beaucoup) malmenés dans l’entreprise. « On leur reproche beaucoup de choses, y compris des problèmes sur lesquels ils n’ont aucune prise. Sans compter qu’il leur faut constamment mettre à jour leurs connaissances et suivre des formations », indique Lisa Mogilner. « Et, avec des contraintes croissantes de budget de fonctionnement, il y a une pression continue pour faire plus avec moins », rappelle, de son côté, Anne Crowley.

Quant au côté répétitif de certaines tâches, encore faut-il relativiser : « Certains des emplois dans la finance parmi les plus excitants se trouvent à présent dans la technologie », déclare Hans Geiger, professeur émérite du département banque et finance de l’Université de Zurich. « Les emplois dans le secteur bancaire sont remplacés par des machines. Mais vous avez encore besoin de quelqu’un pour programmer lesdites machines».

Comptabilité : Placée en toute dernière position de ce classement par l’ensemble des enquêtés, la comptabilité s'affiche comme un métier « pratiquement sans stress, à condition d’aimer la routine et d’être prêt à travailler de longues heures à certains moments de l’année », relève Roy Cohen. Les relations directes avec les clients sont limitées au strict minimum et vous n’êtes jamais seul au front. « Il y a toujours autour de vous au moins une personne avec qui vous partagez les responsabilités », note Lisa Mogilner.

Cela dit, les métiers de la comptabilité en particulier et de la finance d'entreprise en général souffrent encore trop souvent de clichés et idées préconçues. A contrario, en banque d'investissement, du fait de nombreuses tâches répétitives, certains métiers en deviennent abrutissants et ne sont donc pas à l'abri du bore-out. C'est notamment le cas des traders et analystes d'exécution, du contrôle de produits, de la surveillance de la conformité, entre autres. Difficile donc d'échapper à l'un ou à l'autre de ces deux fléaux que sont devenus le burn-out et le bore-out, sauf à changer de métier ou de secteur.

Crédit photo : gettyimages

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AUTEURBeecher Tuttle et Thierry Iochem

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