BNP Paribas pourrait finir par admettre que le plan pour sa banque d'investissement est mal engagé...
C'est certain, la banque de financement et d’investissement (CIB) de BNP Paribas n’a donc pas connu un excellent troisième trimestre. La banque française qui a annoncé aujourd'hui ses résultats trimestriels a ainsi révélé que les revenus de CIB étaient en baisse de 8,4% par rapport au troisième trimestre 2017 et de 9,6% sur les neuf premiers mois de l'année par rapport à la même période de l'année précédente.
Bien entendu, dans un contexte de marchés financiers peu porteurs en Europe, la banque de financement et d'investissement de la BNP n'est pas la seule à devoir faire face à l'érosion de ses revenus. Pour preuve, la division CIB de Deutsche Bank a vu les siens diminuer de 13% au troisième trimestre et de 9% sur les neuf premiers mois.
BNP Paribas semble toutefois être la seule à ne pas réaliser pleinement l’ampleur des baisses qui ont lieu. Bien que le responsable de la banque d'investissement de Deutsche Bank, Garth Ritchie, ait affirmé de manière quelque peu surréaliste que la banque avait accru sa part de marché, Deutsche Bank est pleinement engagée dans un programme de réduction des coûts pour sa division CIB, tandis que dans le plan stratégique pour 2020 de BNP Paribas, les revenus de la banque de financement et d'investissement sont supposés croître à un taux moyen minimum de 4,5% par an entre 2017 et 2020, évitant ainsi de procéder à de grandes coupes.
Ce qui n'est pas sans poser problème. Comme le montre le graphique ci-dessous, les revenus de la division CIB de BNP Paribas étaient déjà de 14% inférieurs à l'objectif sur les 9 premiers mois de l'année 2018. Si la trajectoire actuelle se poursuit l'année prochaine, ils seront 25% inférieurs à l'objectif et en 2020, ils seront 35% inférieurs à l'objectif. Après tout, la banque n'aura peut-être pas besoin de réduire les coûts.
Bien que la banque se soit peu exprimée publiquement sur son plan semblant mal engagé, une réduction accrue des coûts ressemble à une admission tacite que tout ne va pas pour le mieux. Dans le cadre du plan 2020, BNP Paribas est en effet supposée réduire les coûts de sa banque d’investissement de 1,5% en moyenne chaque année. Toutefois, au cours des neuf premiers mois de dépenses d’exploitation, les frais d’exploitation ont été réduits de près de 9%, ce qui semble compenser la baisse des revenus. De plus, alors que le plan 2020 vise à réduire les coûts grâce à des gains d’efficacité et à la digitalisation, la banque a procédé discrètement à des licenciements. Ce mois-ci, The Times a annoncé qu'elle allait supprimer 40 postes dans sa banque d’investissement à Londres. Certaines sources proches vont même jusqu'à évoquer le chiffre de 150 postes.
Les plus exposés aux risques semblent être les vendeurs et traders fixed income de la banque française, et ce, depuis six trimestres consécutifs. Le fait que l'équipe de trading de BNP Paribas, souvent considérée comme l'une des meilleures au monde, ait souffert de la faiblesse des marchés de taux en Europe n'arrange pas les choses. Ni que les activités de trading fixed income soient situées entre les 7ème et 9ème rangs des classements en Europe et entre les 10ème et 12 ème rangs aux États-Unis, selon la société de recherche indépendante Coalition.
Alors, dans ce contexte, quoi faire ? C'est à Jean-Laurent Bonnafé, le PDG de BNP Paribas, de le déterminer. En attendant, encore faudrait-t-il qu'il reconnaisse que le plan strategique de la banque ne fonctionne pas comme prévu. Il faudra sans doute en passer par là pour que les choses ne se dégradent pas encore davantage à plus long terme.
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