Paris courtise désormais les jobs de private equity à Londres
Au cours de cette année, nous avons demandé à des professionnels de la finance s'ils étaient satisfaits de leur salaire. Un junior de 23 ans travaillant dans un fonds de private equity small & mid cap à Paris a répondu qu'il était très frustré. Avec seulement 50 k€, salaire et bonus inclus, il considère que son salaire est dérisoire. Pire encore, il s'est plaint de taxes et d'un coût de la vie élevés. Il nous a dit qu'il devrait être payé au moins 20k€ de plus.
Il est peu probable que ce junior puisse bénéficier de la dernière réforme fiscale française, mais les professionnels du capital investissement qui viennent s'installer à Paris (par exemple depuis Londres) pourraient en bénéficier.
Les Échos rapportent que l'Assemblée nationale a voté ce vendredi en faveur d'une réduction de 30% de l'impôt sur les carried interest pour les gestionnaires de fonds qui arrivent en France depuis l'étranger. Pour être éligible au régime, au moins 1% des fonds sous gestion (dans le fonds générant le carried interest) devront provenir d'employés, et que les carried interest reportés ne doivent pas être redistribués dans les cinq ans suivant la création du fonds.
Un gestionnaire de fonds français a indiqué que les modifications ne s'appliqueraient probablement pas aux fonds existants, mais pourraient contribuer à rendre la France plus attrayante pour les nouveaux fonds – particulièrement à Londres où les professionnels de la finance associent toujours la France au taux d'imposition de 75% de la période François Hollande.
Cela pourrait être le coup de pouce dont Paris a besoin. En février dernier, le responsable des opérations pour la région EMEA de KKR, Johannes Huth, a déclaré qu'il était de plus en plus difficile d'attirer des investisseurs privés vers le Royaume-Uni à la suite du Brexit et que le fonds avait ouvert un bureau à Francfort pour accueillir les Allemands désireux de partir. Johannes Huth lui-même a déménagé à Paris pour des raisons personnelles début 2017. Il a déclaré au Financial Times que le Brexit serait un facteur déterminant pour décider d'investir ou non au UK et qu'il serait « utile » que KKR « soit un peu plus présent à Paris » sous le gouvernement business friendy du président Macron.
En prévision du Brexit, il y a déjà des signes précurseurs de l'arrivée de fonds d'investissement étrangers. En début de semaine, le fonds de pension de l’Ontario et le fonds de dette souveraine singapourien ont acheté deux immeubles dans le quartier d'affaires de La Défense.
Fiscalité mise à part, les professionnels du private equity semblent apprécier Paris. Stephen Schwarzman, directeur général de Blackstone, a ainsi des liens étroits avec Paris où il a vécu pendant près de six mois en 2010.
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