Les banquiers seniors moins bien payés dans les BFI françaises que chez leurs concurrentes européennes ?
Si les salaires dans la banque d’investissement à Paris ne pourront jamais rivaliser avec ceux de Londres, qu’en est-il vis-à-vis des autres banques européennes comme Credit Suisse ou Deutsche Bank pour ne citer qu’elles ? Nous avons posé la question à plusieurs recruteurs et chasseurs de têtes afin qu’ils nous éclairent un peu plus sur le sujet.
Dans une banque comme Credit Suisse les salaires de base des managing director (MDs) peuvent avoisiner les 400 k€ annuels, comme on peut le constater dans la dernière étude de rémunération du cabinet Robert Walters pour la Suisse. Dans les banques françaises, de l’avis des recruteurs, ce serait plutôt des packages annuels à partir de 200k€ mais pouvant atteindre 300 k€ voire davantage.
« Entre le peloton de tête et les acteurs plus conservateurs, j’observe en moyenne un ‘cut’ de 25 à 50%, écart essentiellement creusé par les bonus », confirme Olivier Coustaing, associé au sein du cabinet de chasse de têtes Alexander Hughes et basé à Paris. « En revanche on retrouve de très hauts packages sur l’ensemble des institutions, souvent obtenus au terme d’âpres négociations pour capter de gros calibres ».
Ainsi, un managing director de BNP Paribas reconnaît sous couvert d’anonymat toucher une rémunération annuelle comprise entre 381 et 413 k€, ce qui le met à niveau avec les rémunérations que l’on peut rencontrer chez Credit Suisse par exemple. Et il n’y a pas que BNP ou SocGen à se montrer généreuses. Chez CACIB, le salaire moyen d'un MD avoisine les 150k€, mais en tenant compte des bonus, il peut atteindre le double, selon le site de comparaison de salaires Glassdoor.
Paris versus Francfort
Si la comparaison avec les banques helvètes est vite faite, qu’en est-il avec les banques allemandes ? « Les banques paient généralement mieux à Francfort qu'à Paris », rappelle Anne von Bredow, fondatrice du cabinet d'Executive search Congruence à Francfort (et partenaire de Vendôme Associés en Allemagne) qui rappelle que les charges patronales sont plafonnées en Allemagne, ce qui permet d'afficher des salaires compétitifs par rapport à Paris. Mais d'une place à l'autre, l'écart salarial est en train de se resserrer, le Brexit ayant pour effet de provoquer une véritable inflation des salaires dans l’industrie financière.
Et puis chaque cas est différent. D’après le site de benchmarking de salaires dans le secteur financier Emolument.com, les bonus à Paris versés sont deux fois plus élevés qu'à Francfort pour les vice presidents (VP's). Mais ces derniers peuvent toucher dans la capitale financière allemande des salaires fixes bien plus élevés qu'à Paris. S'agissant des analysts et des associates, c'est aussi Francfort qui offre les niveaux de rémunération les plus élevés après Londres, tandis que Paris devient nettement plus attrayante pour les niveaux VP, director et MD’s, ces derniers pouvant toucher des bonus représentant jusqu’à la moitié de leur salaire fixe.
D’autres leviers d’attractivité…
« Moins généreuses que leurs cousines étrangères, les banques françaises misent sur d’autres leviers d’attractivité », explique Olivier Coustaing, Et de citer à titre d’exemple « l’environnement de travail et son organisation (télétravail, souplesse horaire), des parcours de carrière individualisés, des avantages sociaux, des engagements associatifs et des opportunités de mobilité internationale ».
« Evidemment certains profils marchent avant tout à l’incitatif financier, mais les jeunes banquiers sont globalement sensibles aux autres leviers ainsi qu’à l’exemplarité de leurs managers », poursuit Olivier Coustaing. « Si la rémunération compte, nous constatons que lorsqu’il est question de satisfaction au travail, les Français font primer un traitement équitable et respectueux, le sentiment d’accomplissement et la fierté de leur entreprise », rappelle pour sa part Olivier Gelis, directeur général France de Robert Half.
Enfin, si les banques européennes ont plutôt bien payé l’an dernier, ce ne sera pas le cas cette année. UBS ne vient-elle pas de décider cette semaine de remplacer par une prime fixe la rémunération variable de 10.000 employés de son « corporate center » regroupant les fonctions RH, marketing et communication ? Les BFI françaises risquent donc de devenir subitement plus attractives dans ces fonctions support, à moins qu’elles aussi aillent dans cette direction. « Après tout, c’est une façon comme une autre de pousser le personnel vers la sortie », nous confie un chasseur de tête parisien.
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