Voici les 6 métiers les plus exposés chez BNP Paribas contrainte de restructurer sa BFI
Si jusqu’à présent BNP Paribas s’était peu exprimée sur le fait que son plan stratégique 2020 était mal engagé, ce n’est désormais plus le cas. « Le Groupe est mobilisé sur son ambition 2020 et déploie des efforts d’économie supplémentaires pour améliorer sensiblement l’efficacité opérationnelle dans tous les pôles dès 2019 », a indiqué Jean-Laurent Bonnafé, administrateur Directeur Général, à l’occasion de la publication ce matin de ses résultats annuels 2018.
A cause d’un quatrième trimestre plombé par une chute des revenus dans les activités de marché, la banque est contrainte de revoir sa copie. Sur les 600 M€ de réductions de coûts supplémentaires prévues à l'horizon 2020, plus de la moitié (350 M€) concernent sa banque d'investissement. A noter qu’aucun plan de départ volontaire ni de licenciement n'est prévu à ce stade, cette restructuration devant se traduire par des mobilités internes et par un non remplacement de certains départs. En attendant, voici les métiers qui restent les plus exposés…
1. Vendeurs et traders fixed income
Au quatrième trimestre, les revenus de Fixed Income, Currencies et Commodities (FICC) à 505 M€, sont en baisse pour leur part de 14,7% par rapport au quatrième trimestre 2017 avec un contexte de marché toujours peu favorable en particulier sur les taux et le crédit. Sur l’année, les revenus de FICC, à 2,7 milliards d’euros, diminuent de 21,2% par rapport à 2017.
L’activité de la clientèle est toujours faible sur les taux et le crédit en Europe du fait de la politique monétaire qui induit une faible volatilité et des taux très bas. Le métier enregistre en outre une mauvaise performance sur le change en particulier sur les marchés émergents. Il réalise en revanche de bonnes performances sur le marché primaire et sur les produits structurés.
Les plus exposés semblent être les vendeurs et traders fixed income de la banque française, et ce, depuis six trimestres consécutifs. Le fait que l'équipe de trading de BNP Paribas, souvent considérée comme l'une des meilleures au monde, ait souffert de la faiblesse des marchés de taux en Europe n'arrange pas les choses. Ni que les activités de trading fixed income soient situées entre les 7ème et 9ème rang des classements en Europe et entre les 10ème et 12ème rang aux États-Unis, selon la société de recherche indépendante Coalition.
2. Vendeurs et traders dérivés actions
Au quatrième trimestre, les revenus d’Equity and Prime Services, à 145 M€, baissent de 69,9% par rapport au même trimestre de l’année dernière avec l’impact de mouvement de marchés extrêmes en fin d’année sur la valorisation des inventaires et une perte sur la couverture des dérivés sur indices aux Etats-Unis. L’activité de la clientèle est en outre faible sur les produits structurés.
Sur l’année 2018, les revenus d’Equity and Prime Services, à 2 milliards d’euros sont en baisse de 6% par rapport à l’année précédente, avec notamment l’impact de mouvement de marchés extrêmes en fin d’année sur la valorisation des inventaires et une perte sur la couverture des dérivés sur indices aux Etats-Unis. Le métier enregistre en revanche une progression de l’activité clientèle sur les dérivés d’actions et le prime brokerage. Ce qui n’empêche pas BNP de vouloir mettre en place des mesures pour redresser les performances des activités dérivés actions.
3. Professionnels des marchés à Londres
Afin de réduire les coûts, BNP Paribas entend faire l’analyse de certaines implantations périphériques. Selon The Times, la banque aurait déjà discrètement supprimé une quarantaine d'emplois dans sa banque d'investissement à Londres et réduirait ses recrutements en raison des turbulences sur les marchés ayant affecté les bénéfices des desks de trading de la City. Certaines sources proches vont même jusqu'à évoquer le chiffre de 150 postes.
4. Proprietary traders (prop’ traders)
La banque va passer en revue les segments d’activité non-stratégiques, sous-dimensionnées ou non-profitables. C’est le cas par exemple des activités pour compte propre d’Opera Trading Capital créée mi-2015 et basée à Paris, Hong Kong et Londres où elle emploie une quinzaine de personnes (contre 25 lors de sa création) qui toutes devraient être réaffectées en interne.
Cette fermeture n’est pas vraiment une surprise : après la crise financière, les revenus tirés de ces activités de trading pour compte propre - qui comptent pour moins de 2 % des activités de la banque de financement et d’investissement et emploient tout au plus quelques dizaines de personnes - n'ont cessé de décroître. La fermeture de l'entité devrait permettre de libérer 600 millions d'euros de capitaux qui seront redéployés vers la BFI.
5. Traders commodities U.S.
Figurent également parmi les segments d’activité non-stratégiques, sous-dimensionnées ou non-profitables, les opérations de dérivés sur matières premières aux Etats-Unis. BNP Paribas devrait ainsi fermer son bureau américain à New York spécialisé dans le trading sur dérivés matières premières et qui emploie 16 personnes, selon une source citée par l'agence Bloomberg.
La banque devrait toutefois conserver une force de vente outre-Atlantique, les services proposés par ce desk (énergie, métaux et certains produits agricoles) s'effectuant désormais depuis Londres ou Singapour. « Il s'agit ici d'une conséquence inévitable, voire attendue, de la crise dont souffre le secteur des matières premières dans le domaine bancaire », rappelle un trader commodities français expatrié à Londres.
6. Fonctions support / back-office
Enfin, BNP Paribas a annoncé l‘amplification de l’industrialisation pour réduire les coûts avec notamment l’adaptation des activités de flux à l’électronisation rapide des marchés dans Global Markets, le développement de plateformes partagées dans Corporate Banking, l’industrialisation du modèle d’opérations multi-local dans Securities Services, et la rationalisation et la mutualisation de l’informatique et des back offices.
BNP Paribas n’est bien entendu pas la seule concernée par ce phénomène. En cas de plan de départs volontaires à la SocGen (qui doit annoncer ses résultats jeudi), celui-ci pourrait être élargi en 2020 sur les départements support de la BFI, selon une source interne à la banque ayant souhaité conserver l’anonymat. A suivre de près donc…