Pourquoi vous feriez mieux de travailler dans le contrôle et la compliance en gestion d’actifs plutôt qu’en BFI ?
Depuis plusieurs années, les banques d’investissement françaises recrutent à tour de bras pour leurs fonctions compliance. Et la tendance n’est pas prête de s’arrêter au regard des amendes qui attendent les banques ne respectant pas leurs obligations.
Le Brexit n’a fait qu’accentuer ce phénomène, les banques américaines recherchant à leur tour à recruter ces talents localement. « BofA, Citi, Goldman Sachs ou Blackrock recherchent toutes ce genre de professionnels parce qu'elles n'ont pas droit à l'erreur si elles veulent éviter de lourdes amendes pour non-respect de la conformité », rappelle Antony Labylle, consultant Risques, Compliance et Régulation chez Huxley.
Pourtant, les banques ne sont pas les seules à rechercher activement ces profils. Certains décident de rejoindre directement les organismes de régulation, les sociétés conseil ou bien les sociétés de gestion d’actifs. Ainsi, Zencap Asset Management a annoncé fin février le recrutement de Thomas Tétard pour prendre le poste nouvellement créé de Responsable de la Conformité et du Contrôle Interne (RCCI).
Ce diplômé d’un Master Banque Finance à l’ESSCA, CFA, a débuté en 2008 comme sales trading assistant chez ING Securities Bank puis a été conseiller bourse chez Boursorama Banque avant d’occuper consécutivement les fonctions de négociateur Actions et de contrôleur interne pendant 7 ans à La Financière de l’Echiquier.
Les profils plus juniors semblent intéresser également les asset managers, qui plus est lorsqu’ils ont une expérience en banque. Diplômée du double master en management et organisation à l’Edhec Business School, Hortense Laprais vient de rejoindre l’Inspection Générale chez Edmond de Rothschild après avoir été analyste financier BFI chez BNP Paribas à Londres puis travaillé dans l’Inspection générale chez SocGen.
Votre employeur est-il « compliance friendly » ?
« Dans les grandes banques d’investissement, ces fonctions sont généralement très segmentées », nous fait remarquer Christophe Laville, consultant senior banque & services financiers chez Morgan Philips Executive Search. « Dans la gestion d’actifs, les équipes sont plus resserrées, le scope couvert peut être plus large ».
Celles et ceux qui travaillent en banque d’investissement seront ainsi spécialisés dans la sécurité financière (ex : lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme), la régulation (veille réglementaire) ou la compliance (tâche qui incombe au Responsable de la conformité pour les services d'investissement - RCSI).
« Les sociétés sont plus ou moins ‘compliance friendly’ », poursuit Christophe Laville. « Les compliance officers doivent parfois faire un travail de pédagogie en interne pour démontrer la convergence des intérêts entre le business et le bon respect de la conformité ».
Et si malgré vos efforts de persuasion, votre employeur rechigne par exemple à vous allouer un budget supplémentaire pour l’achat de logiciels de compliance, c’est qu’il est peut-être temps d’aller voir ailleurs. D’autant plus que la tendance est à l’inflation des salaires dans ces métiers.
Des salaires qui s'envolent
Du fait de la forte demande dans l’Hexagone pour ce genre de profils, « il existe une vraie tension sur le marché de recrutement depuis deux ans pour les profils de compliance officer », rappelle Hannah Rossiter directrice de l’activité conformité et réglementation au sein du bureau parisien de Duff & Phelps. Certes, c’est en banque d’investissement, et plus précisément lorsqu’il intervient sur les risques de marché, qu’un spécialiste compliance peut espérer être le mieux payé.
Mais où qu’il exerce, il est plutôt bien payé. Le salaire d'embauche d'un junior en conformité se situe aux environs de 40 k€ et au bout de quatre ans d'expérience il peut escompter un fixe de 55 à 60 k€. « Un profil senior rattaché à la direction générale peut espérer un salaire hors primes de 70-80 k€ », indique un recruteur en finance. Pour les RCCI et les RSCI, les salaires annuels sont plus élevés encore et peuvent parfois dépasser les six chiffres.
Mais pour prétendre à ces niveaux de salaires, encore faut-il avoir les compétences requises. « Seuls les candidats maîtrisant parfaitement la réglementation, les métiers supervisés et possédant une excellente communication pédagogique devraient pouvoir trouver des évolutions de carrière en France ou à l’international », d’après l’analyse d’Olivier Gelis, directeur général de Robert Half France.
Vous avez un scoop, une anecdote, un conseil ou un commentaire que vous aimeriez partager ? Contact : tiochem@efinancialcareers.com