Ces employés mécontents du plan de détachement post-Brexit d’une banque française…
Alors qu’un Brexit sans accord n'est pas encore totalement exclu ce vendredi, même s’il est légèrement moins probable qu'auparavant, les employés d'une banque française se plaignent au sujet d'un projet visant à les détacher à Paris et qui, d’après eux, semble donner à la banque trop de contrôle.
Il semblerait que Crédit Agricole CIB ait demandé à plusieurs de ses employés londoniens de se préparer à emménager dans ses bureaux parisiens dans les meilleurs délais en cas de hard Brexit. En ce sens, cela ressemble beaucoup à - disons – JPMorgan, dont les employés sont sur le qui-vive dans l’hypothèse d’un déménagement soudain en banlieue parisienne.
Cependant, les employés de Crédit Agricole à Londres sont mécontents des nouveaux contrats, qui les transféreront dans un premier temps au bureau français en tant qu'employés détachés de Londres, avec une protection minimale de l'emploi en France.
« La proposition concerne un détachement de six mois à Paris, avec une date de début flexible pouvant être activée à bref délai », a déclaré un employé. « C'est essentiellement une période d'essai. Le détachement indique en fait que vous allez à Paris pour six mois. Si tout le monde est content, vous restez là-bas et vous êtes muté sur un contrat local ».
Cet arrangement crée plusieurs motifs d'inquiétude. Les employés à qui il est demandé d'accepter les détachements s’interrogent sur ce qui se passera si la banque décide qu'elle ne veut plus d’eux après six mois ou s'ils ne sont pas satisfaits - devront-ils rentrer au Royaume-Uni à leurs propres frais ? La question se pose aussi quant au salaire à la fin du semestre et il est à craindre qu'une fois à Paris, les personnes en détachement soient obligées d'accepter tout ce qui leur est proposé.
« Le problème est que les gens ne se sentent pas libres de choisir », déclare un autre employé. « Si leurs postes quittent le Royaume-Uni, ils seront licenciés de toute façon et il n'y aura plus rien vers quoi revenir ».
Crédit Agricole n’a pas souhaité commenter ces revendications.
Ces contrats illustrent bien à quel point le Brexit modifie le rapport de force en faveur des banques dans les négociations sur l’emploi. Au mieux, les collaborateurs détachés du Crédit Agricole peuvent espérer que leurs rivaux américains, tels que Bank of America, augmentent le nombre d’embauches à Paris, dopant ainsi leurs rémunérations et offrant des emplois alternatifs leur permettant d’améliorer leur pouvoir de négociation.
Toutefois, ce pourrait être un vœu pieux étant donné que SocGen a annoncé aujourd'hui la suppression de 750 postes en France et que BNP devrait lui emboîter le pas, le marché parisien pouvant être alors rapidement saturé de demandeurs d'emploi.
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