Les banquiers français sont-ils vraiment prêts à porter des jeans comme chez Goldman Sachs ?
Le mois dernier, David Solomon, le patron de Goldman Sachs indiquait dans un mémo que les employés de la prestigieuse banque américaine étaient désormais libres de s’habiller comme ils voulaient sur leur lieu de travail dans les limites du raisonnable. Et d’après les banquiers de Goldman que nous avons intérrogés, c’est le jean qui semble d’ores et déjà faire l’unanimité.
Qu’en est-il du côté des banquiers français sachant que nombre d’entre eux portent costumes, cravates et chaussettes en soie, même lorsqu'ils ne sont pas en réunion avec des clients ? Sont-ils vraiment prêts à porter des jeans comme chez Goldman Sachs ?
« Ah non jamais. C'est très simple : je représente ma firme à travers ma marque professionnelle personnelle. Lorsqu'un client me rencontre, je souhaite qu'il soit convaincu que je suis au top pour lui ou pour elle », réagit un vendeur commodities d’une banque d’investissement française.
« A cet égard, j'ai pris un enseignement du basketteur Michael Jordan », poursuit-il. « Lorsqu'il n'était pas sur le terrain, il était toujours tiré à quatre épingles. Son raisonnement était le suivant : "Il s'agit peut-être de la seule fois que quelqu'un aura la chance de voir Michael Jordan. Alors autant lui laisser la meilleure impression possible ».
« Le look est important parce que vous rencontrez beaucoup de 'fashion people' à l'heure du déjeuner et cela peut être gênant si vous n'êtes pas sur votre 31 », rappelle pour sa part un banquier qui travaille au cœur de Paris, même si la capitale mondiale de la mode a cédé la place l’an dernier à New York, Londres et Los Angeles dans le classement annuel du Global Language Monitor.
Un simple bout de tissu ?
Pour certains le port du jeans chez Goldman Sachs est révélateur de l’époque. « Cette soi-disant nouvelle mode est un indicateur de plus sur la difficulté de la finance à recruter, et surtout garder, de nouveaux talents », explique un trader dans une banque française à la City.
« La vérité est que la finance traditionnelle fait face à une concurrence sévère de la part des startups, du big data, des fintechs, etc. qui sont beaucoup plus en ligne avec les attentes et les aspirations des jeunes qui entrent sur le marché du travail », poursuit-il.
Et d’ajouter : « Ce n'est pas plus mal car cela permettra à la finance de se remettre en question car, avouons-le, la bonne rémunération que procure ce domaine est souvent en compensation d'environnements toxiques, de managers incompétents, de sociopathes qui se prennent pour le centre du monde et d'une culture arriérée ».
Avant de conclure : « Bref, le jean c'est bien mais ce n'est pas un bout de tissu qui va changer la donne ! ».
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