Pourquoi les banques françaises commencent par supprimer des postes sur leurs marchés domestiques ?
BNP Paribas a annoncé ce lundi un plan de départs volontaires portant sur environ 10% de ses effectifs dans son activité de gestion d’actifs à Paris, soit une centaine de postes. La banque française justifie ces réductions d’effectifs par les défis structurels auxquels est confronté le secteur de la gestion d’actifs, notamment le durcissement de la réglementation, la pression sur les marges et l’évolution de la demande des clients vers des produits plus passifs.
BNP Paribas évoque aussi un contexte d’incertitudes macroéconomiques, de faiblesse des taux d’intérêt et de volatilité sur les marchés, qui tarit les afflux de capitaux pour les gérants d’actifs. Mais alors pourquoi cibler la France en particulier tandis que BNP Paribas Asset Management emploie plus de 2.400 personnes dans le monde ?
D’autant plus que dans le même temps, BNP Paribas AM multiplie les recrutements dans ses équipes à Londres. « Il suffit que les équipes du marché français soient en sureffectifs et les équipes à l’international en sous-effectifs pour expliquer cela », avance un recruteur en finance sous couvert d’anonymat. Sans oublier que la « casse sociale » est moins prononcée en France du fait d’un droit du travail plus protecteur.
« Il n’y aura aucun départ contraint », précise ainsi un porte-parole de BNP Paribas. A l’origine, une rupture conventionnelle collective a été envisagée, mais un plan de départ volontaire donnant la priorité à la mobilité interne a finalement été adopté, relève le quotidien L’Agefi. L’argument a cependant ses limites car depuis le durcissement du plan d’économies les reclassements en interne sont plus difficiles et les passerelles se font plus rares dans le groupe.
Personne n’est à l’abri
Il faut également relativiser car si dans la gestion d’actifs, la banque de détail et métiers titres, les banques françaises semblent cibler en priorité la France quand il s’agit de réduire les effectifs, il en va tout autrement dans la banque de financement et d’investissement où chez BNP comme chez SocGen, ce sont les équipes basées à Londres qui ont été les premières victimes de la réduction des coûts dans la BFI.
Qui plus est, régulièrement, des réductions d’effectifs ont lieu à l’international sans que cela fasse la Une des médias français. Ainsi, BNP Paribas a récemment annoncé qu'elle sous-traiterait sa recherche actions dans la région Asie-Pacifique à Morningstar, ce qui entraînera la suppression de 12 emplois d'analysts au sein de l'équipe, principalement à Hong Kong et Singapour, selon une personne proche du dossier. Seule une poignée de spécialistes devraient rester à leur poste. Bref, vous l'aurez compris, personne n'est vraiment à l'abri...
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