Les vrais inconvénients à travailler en private equity
Si vous faites partie de la crème des banquiers juniors, bardé de diplômes avec un plan de carrière à long terme, il y a fort à parier que vous aspiriez à travailler en capital-investissement. Pas de problème, mais ouvrez bien grands les yeux.
Lors d’une prise de parole à l’Alternative Investment Conference 2020 de LSE cette semaine, Hui Chan et Sören Haefcke, tous deux vice-présidents de Bain Capital, ont exposé l’aspect incontestablement passionnant des postes en capital-investissement, mais aussi les inconvénients à peser soigneusement : on y abat un travail considérable, mais il arrive que cela ne mène à rien.
« Nous identifions des tonnes d’opportunités d’investissement, mais nous n’en retenons que quelques-unes », a déclaré Sören Haefcke, ajoutant par ailleurs que chaque année, Bain Capital « passe au crible des centaines, voire des milliers de deals ; et la plupart du temps, nous les éliminons assez vite. »
« A titre individuel, chaque employé fait un ou deux deals par an, mais parfois aussi aucun », a-t-il poursuivi. « C’est la réalité. », ajoutant : « cela peut générer beaucoup de frustration » : une année de travail ou plus sur un deal peut n’aboutir à rien.
Hui Chan est revenue pour sa part sur les facteurs d’échec d’un deal : la prise de conscience tardive que les produits de l’entreprise ne sont finalement pas si bons que ça ; le fait qu’un concurrent se montre plus offrant que le fonds qui vous emploie et soit prêt à débourser plus que votre fonds pour l’acquisition ; ou encore la découverte de désaccords avec la direction de l’entreprise dans laquelle le fonds souhaite investir sur la façon de la faire évoluer.
« Nous travaillons de concert avec l’équipe de direction ou le fondateur pour faire évoluer l’entreprise dans un délai de cinq ans » a-t-elle précisé. « Cela n’a rien d’un long fleuve tranquille. C’est très difficile à concrétiser si la direction voit les choses différemment. »
Que fait un fonds de capital-investissement ?
Hui Chan et Sören Haefcke ont également consacré du temps à passer précisément en revue ce qu’implique le travail en private equity (du moins chez Bain Capital).
« Nous investissons dans des entreprises » a indiqué Sören Haefcke. « Nous les achetons par le biais de prises de participations majoritaires, nous les gardons de cinq à sept ans, puis nous les revendons. »
Pour ses vice-présidents, Bain Capital se différencie quelque peu de certains de ses concurrents en capital-investissement. La société, qui détient quatre fonds en Europe, cherche à remettre en cause les idées reçues en recherchant de la valeur dans des entreprises sous-évaluées ou d’autres « qui pourraient être mieux appréciées qu’elles ne le sont », et à les mener vers la réussite. De l’aveu de Hui Chan, « nous sommes un peu une bande d’intellectuels – nous cherchons le potentiel là où personne ne le voit… Nous identifions un secteur en déclin et disons qu’il doit rebondir dans les années à venir, c’est notre façon de faire ». Et Sören Haefcke d’ajouter : « nous allons plus en profondeur que les autres fonds de capital-investissement pour trouver de la valeur là où elle est moins évidente. »
Bain Capital est une émanation de Bain Consulting et a toujours une forte appétence pour l’opérationnel. Après l’achat d’une entreprise, elle travaille en étroite collaboration avec sa nouvelle acquisition pour en améliorer l’efficacité opérationnelle. Chan et Haefcke travaillent tous deux plus avec l’équipe d’investissement qu’avec l’équipe opérationnelle, même si Hui Chan a concédé avoir toujours des échanges avec les CEO qui viennent la consulter pour savoir comment faire croître leur entreprise. « Je suis un peu comme un sparring partner… les CEO sont souvent très seuls. »
Précision d’importance apportée par Sören Haefcke : il arrive que Bain Capital revende les entreprises dans lesquelles elle a investi pour des montants allant jusqu’à trois fois le prix d’achat. Clairement de quoi compenser la frustration.
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