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Les recruteurs en finance de Londres se recentrent sur Paris et Francfort

Il règne une forme de désarroi dans les cafés de la City à Londres, et en banlieue où résident certains recruteurs et chasseurs de têtes en finance qui y avaient leurs habitudes. Le quatrième trimestre vient de commencer, et pour beaucoup de gens, 2020 ne restera pas une bonne année. Les grands hedge funds ont embauché, certes ; les équipes de trading crédit aussi, mais ailleurs sur le marché du recrutement à Londres, le confinement commencé en mars n’est toujours pas vraiment terminé.

« Cette année a été difficile – il faut vraiment que je me bouge et que j’appelle des gens à qui je n’ai plus parlé depuis un moment, » avoue un chasseur de têtes spécialisé en trading systématique sell-side, un domaine en théorie très couru. « C’est relativement simple de pourvoir les demandes que nous avons déjà, mais très compliqué de gagner de nouveaux clients sans réunions en présentiel. » Pour l’un de ses confrères, chasseur de têtes macro, « ça va », mais « c’est très calme. » « J’ai fait quelques recrutements, » ajoute-t-il, sans préciser à quel moment de l’année.

Certains à Londres sont optimistes – un autre chasseur de têtes indique que les choses « recommencent à bouger » et que si les banques montent au créneau pour se débarrasser de leurs éléments les moins performants – comme cela semble être le cas chez Goldman Sachs et consorts, le recrutement pourra repartir. « Beaucoup de choses ont été repoussées à l’an prochain, » dit-il. « 2021 pourrait en fait être une très bonne année, une fois les réductions d’effectifs et les bonus passés. »

Mais dans l’immédiat, les recruteurs ont encore des engagements à respecter. Et avec le Brexit à l’horizon, beaucoup songent à se recentrer hors de la City : Paris et Francfort font figure de nouveaux Cornhill et Canary Wharf.

Alors que l’Europe se remet en marche, il n’est pas passé inaperçu dans les milieux financiers français et allemands que Londres reste quelque peu déserte. « Je n’ai jamais vu le quartier aussi calme, » racontait Piers Benbow, chasseur de têtes à Londres, dans Le Monde il y a quelques jours. « Les gens ne sont pas vraiment revenus après le confinement. J’ai des clients en gestion d’actifs qui doivent même demander l’autorisation pour venir au bureau. »

A Francfort, par comparaison, tout est presque redevenu normal. « Ici, 80% des gens ont réintégré leur bureau, » indique un chasseur de têtes britannique pour les marchés de capitaux, parti l’an dernier pour Francfort. Pour lui, la normalisation est à mettre au crédit des stands de test COVID high tech qui parsèment la ville, et dont l’un vous sert même un café en attendant les résultats du test. « On ne teste que les lundis ou les vendredis. » Le gouvernement allemand diffuse également des messages informant les résidents du risque COVID : « nous en avons eu un aujourd’hui nous informant qu’il y avait 9,1 cas pour 100 000 habitants et que nous étions libres de travailler comme nous le souhaitions. »

Dans ce contexte, de plus en plus de recruteurs londoniens essaient de se projeter et notent qu’il pourrait être plus facile de prospérer en Europe continentale. « Avec l’incertitude du Brexit, nous nous recentrons sur Paris et Francfort, » confie un chasseur de têtes macro. « C’est plus facile de signer là-bas. » Trois de ses confrères, s’exprimant tous sous couvert d’anonymat, insistent sur ce point. L’expérience de Paris, par exemple, n’est pas anodine : suivant les estimations de Paris Europlace, la capitale a déjà attiré 4 000 postes en banque et gestion d’actifs pour cause de Brexit,– et les prévisions tablent sur un potentiel de 20 000 postes supplémentaires pour des fonctions support.

Les deux métropoles européennes s’appuient déjà sur les structures de recrutement locales, mais la force des chasseurs de têtes de Londres réside dans leur capacité à trouver à la City des Européens susceptibles de partir. Certaines banques comme Goldman Sachs transfèrent déjà des effectifs de New York à Francfort, laissant à penser qu’il n’est pas exclu de relocaliser aussi des Européens en poste de l’autre côté de l’Atlantique.

Selon un recruteur, les Allemands de Londres ont la cote : « Personne ne veut aller à Francfort à part les Allemands, » dit-il. Par comparaison, il est plus simple de convaincre des Britanniques, des Italiens, des Espagnols et même des Néerlandais d’aller à Paris, d’où il est finalement assez simple de faire des allers-retours à Londres en Eurostar.

Voilà du moins pour la théorie. Certains initiés chez JPMorgan voient une pointe d’appréhension chez la centaine de sales qui s’apprêtent à laisser leurs familles à Londres lorsqu’ils partiront à Paris en décembre. Le gouvernement britannique applique bien une exception à l’obligation de quarantaine pour les personnes voyageant chaque semaine pour raisons professionnelles entre le Royaume-Uni et la France, mais la crainte plane d’une suspension de cette clause de part et d’autre de la Manche après le Brexit. « Les gens disent qu’ils n’iront pas à Paris parce qu’ils ont peur de ne pas pouvoir revenir pour voir leurs enfants, » raconte un chasseur de tête. « Et pour nous, cela crée des opportunités pour pourvoir ces postes avec d’autres candidats. »

Crédit photo : Robin Benzrihem  sur Unsplash

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AUTEURSarah Butcher Editrice Monde

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