Les quants les mieux payés du monde
Si vous êtes trader quantitatif ou technologue en services financiers par les temps qui courent, vous avez sans doute entendu parler de Jane Street. Vous avez peut-être même envie d’y travailler. Les candidats sont nombreux. Mais il y a peu d’élus : la société indique qu’un « faible pourcentage » de candidats sont conviés à un entretien et il est de notoriété publique que les questions deviennent de plus en plus difficiles à chaque nouvel entretien.
Pour qui ne la connaîtraient pas, Jane Street est une figure majeure dans le monde du trading quantitatif. Comme le notait récemment le Financial Times, c’est l’un des plus grands faiseurs de marché au monde – assurant la correspondance électronique entre les ordres d’achat et de vente pour les ETF (fonds indiciels cotés ou Exchange Traded Funds), les options et les obligations. Elle a effectué en 2020 plus de 17 000 milliards de dollars de transactions. Elle est discrète, et différente – le FT la compare en quelque sorte à une communauté anarchiste, où les titres des employés n’avaient jusque récemment aucune importance ; elle est grande, et très largement bénéficiaire.
Grande comment ? Après les révélations de Bloomberg fin janvier selon lesquelles sa rivale Citadel Securities avait généré 6,7 milliards de dollars de revenus en 2020, et un bénéfice record de 4,1 milliards de dollars avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, le Financial Time rapportait quelques jours plus tard que Jane Street avait explosé ces chiffres. Au seul premier semestre, elle avait engrangé 8,4 milliards de dollars en revenus, et 6,3 milliards de bénéfices ajustés. Comme le soulignait le FT, ceci équivalait à ‘un septième des revenus combinés du fixed income, commodities et devises des plus grandes banques du monde sur la même période’ calculés par le cabinet d’études Coalition.
De toute évidence, 2020 n’a rien d’une année normale. Le FT souligne également que les bénéfices de Jane Street ont progressé de 1 000% en un an sur les six premiers mois de 2020. Tendance durable ou non, on peut toutefois présumer sans grand risque que les salaires chez Jane Street – déjà très élevés – ont sans doute atteint en 2020 des sommets inédits.
Jane Street est une entreprise privée, et à ce titre n’est pas tenue de publier la moindre information sur ses effectifs. A notre connaissance, elle emploie 256 personnes au Royaume-Uni, et les chiffres pour le monde entier semblent se situer entre 750 et 950. Sur cette base, chaque employé de Jane Street aurait donc généré en 2020 au moins 4,1 milliard de dollars de bénéfices en six mois.
Comme la plupart des entreprises, Jane Street n’aborde pas la question des rémunérations. Pourtant, comme nous le rapportions l’an dernier, le salaire des stagiaires traders de Jane Street aux Etats-Unis en 2020 était de 14,5k $ par mois, plus 500 $ par semaine liés au télétravail – soit au total 16,5k $ par mois. Sans compter que les jeunes diplômés entrés chez Jane Street en sortie d’école touchaient 200k $ en salaire annuel de base, plus 100k $ de bonus à l’entrée, et un bonus de performance garanti entre 100 et 150k $.
A Londres, l’approche de Jane Street en termes de rémunération est un peu plus claire en raison des déclarations auprès de la Companies House, l’équivalent britannique du Registre du Commerce. La situation est quelque peu compliquée du fait que Jane Street au Royaume-Uni se compose de plusieurs entités (Jane Street Financial Ltd, Jane Street Europe Ltd, Jane Street International Trading Ltd), toutes soumises à des transferts internes localement ou avec la maison-mère américaine ; reste que la plupart des comptes récents ‘complets’ pour Jane Street en 2019 apportent un éclairage intéressant.
D’après ces indications, Jane Street Financial Ltd aurait employé 256 personnes au Royaume-Uni en 2019, contre 195 l’année précédente, réparties comme suit : 184 en back office, travaillant entre autres en technologie ; 69 en front office – quant traders ou vendeurs en relation directe avec les clients ; et 3 en management. Jane Street a consacré 114 millions de dollars à leur rémunération – soit 55% de ses revenus, correspondant à une moyenne de 447k $ par tête.
Si Jane Street a appliqué le même principe dans le monde entier en 2020 et affecté 55% de ses revenus aux salaires, elle a dû débourser 3,7 milliards de dollars en rémunération sur le seul premier semestre. Pour 1 000 employés, cela donnerait donc une moyenne de 3,7 millions de dollars sur six mois. Rien d’étonnant donc à ce que les rumeurs circulent : il se murmure en effet que même des technologues plutôt juniors de Jane Street auraient affiché des salaires à sept chiffres en 2020.
Photo by Lena Balk on Unsplash
Have a confidential story, tip, or comment you’d like to share? Contact: sbutcher@efinancialcareers.com in the first instance. Whatsapp/Signal/Telegram also available. Bear with us if you leave a comment at the bottom of this article: all our comments are moderated by human beings. Sometimes these humans might be asleep, or away from their desks, so it may take a while for your comment to appear. Eventually it will – unless it’s offensive or libelous (in which case it won’t.