Quelques décisions difficiles en vue pour les banquiers à l’aube de la trentaine
Si vous travaillez dans le secteur bancaire, ne vous laissez pas endormir par votre rémunération. Ce serait le début de la fin.
J’ai passé près de quatre ans dans l’équipe structuration d’une grande banque. Et j’en suis parti. Aujourd’hui, je travaille dans une start-up tech qui marche très bien. C’était un risque à prendre, et il a payé.
J’avais 29 ans quand j’ai quitté mon poste en banque, une fois qu’il fut devenu clair que le temps des salaires astronomiques était bel et bien révolu. J’ai fait des études d’astrophysique et de télédétection par satellite ; j’ai pensé que je ferais mieux dans le monde réel.
La vie semble très différente hors de la banque. Bien sûr, on gagne bien plus en banque que dans n’importe quel job ‘normal’. Mais si on compare les rémunérations en banque à celles de l’élite de la tech à Londres ou dans la Silicon Valley, celles des banques ne sont pas si vertigineuses. Oui, les managing directors des grandes banques d’investissement valent des dizaines de millions de dollars en fin de carrière. Mais les employés des entreprises tech comme Uber, Airbnb et Snapchat, ceux qui y sont depuis le début, ont gagné des multiples de ces sommes en très peu de temps. Si vous vous y prenez bien, c’est bien dans la tech que vous trouverez l’argent.
Beaucoup des mes connaissances dans les banques passent à côté de cette vérité ; ils croient toujours au mythe du secteur bancaire, le meilleur qui soit et celui où il faut forcément être. Leurs salaires de banquiers leur conviennent, et dès qu’ils passent le cap de la trentaine, une forme de sclérose s’installe. Ils ne peuvent pas aller voir ailleurs, trop inflexibles qu’ils sont sur les salaires et bonus élevés ; mais sauf à ce qu’ils se révèlent superstars, leur salaire en banque finira par plafonner d’ici quelques années et la sécurité de l’emploi dans leur job sera de plus en plus menacée.
C’est justement pour cette raison qu’il est opportun de prendre des risques avant 30 ans. Ces années-là sont souvent les dernières avant que l’on ne s’engage sérieusement sur le plan financier, sur des montants qui rendent le départ difficile. A cet âge-là, vous pouvez toujours quitter la banque et encaisser un mauvais coup financier pour viser un gain financier potentiel à plus long terme dans une entreprise tech.
Ce que vous aurez dans une boîte tech à forte croissance, c’est comme un billet de loterie ; mais un billet de loterie sur lequel vous avez la main. En quittant la banque pour la tech, vous sacrifiez quelques centaines de milliers de dollars de revenus à court terme pour tenter de gagner des dizaines de millions. Vous limitez aussi le risque en termes de carrière : l’expérience et les contacts que vous acquérez dans la tech à forte croissante ont une telle valeur que même si la tentative échoue, vous resterez un employé à valeur ajoutée. Si vous êtes banquier proche de la trentaine, je vous suggérerais de vous pencher sérieusement sur la question.
Louie Hughes est le pseudonyme d’un ancien banquier junior, aujourd’hui employé d’une entreprise tech.
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