Question de survie : comment poursuivre une carrière en finance quand le marché entre en zone de turbulences
Roy Cohen n’est pas né de la dernière pluie. Ancien vice president à Wall Street, il a vécu le crash d’octobre 1987. Puis l’épisode LCTM et la crise asiatique. Et il était coach en carrières chez Goldman Sachs à New York en 2008. Autant dire que si vous voulez survivre aux turbulences susceptibles d’impacter le dernier trimestre cette année, Roy Cohen est plutôt bien placé pour dispenser quelques conseils.
Le point clé pour la survie ? Préparer le terrain. « Si c’est la fin de l’année et que vous commencez seulement à réfléchir au moyen de garder votre job et de décrocher une promotion, alors bonne chance, » annonce Roy Cohen. « Une réputation se bâtit dans la durée, tout comme un réseau. »
Si comme l’envisage Ken Moelis, les banques taillent dans les effectifs après le Labor Day [NDLR : la Fête du Travail, le 5 septembre aux États-Unis], il suggère de vous y prendre dès maintenant pour identifier les facteurs susceptibles de faire de vous une cible potentielle. Dans ce cas précis, oubliez les RH, dit-il ; elles ne brillent pas par leur franchise. Tournez-vous vers vos collègues et vos managers, vers les gens avec qui vous travaillez et qui travaillent pour vous. « Voilà le discours à tenir : » poursuit-il – « j’adore ce que je fais, je suis déterminé à réussir, et je veux rester à ce poste. Avez-vous des recommandations à me faire sur ce que je peux améliorer ? »
Comme nous l’avons évoqué récemment, les banquiers seniors ne font preuve d’aucune retenue quand il s’agit de s’exprimer sur ce qu’ils ont accompli. Les managing directors chez Goldman Sachs n’ont jamais eu le moindre état d’âme à user de superlatifs pour se décrire. Si les autres se qualifient d’ « extraordinaires », pourquoi vouloir vous limiter à « bon » ? Jetez les bases dès maintenant.
L’autre ajustement à faire par anticipation concerne vos dépenses personnelles. Pour un conseiller financier qui a passé dix ans comme trader dans plusieurs banques US et européennes, il est indispensable de maîtriser vos dépenses personnelles. « La plus grosse erreur que font les gens du secteur bancaire consiste à penser que les revenus augmentent de façon exponentielle, » nous confie-t-il. « Ils démarrent à 100k £/120k €, montent à 1 million de livres/1,2 million d’euros en dix ans, et augmentent leurs dépenses personnelles en proportion. Tout ça pour se retrouver dans une position extrêmement difficile quand leur poste est supprimé. »
Ne prenez pas l’habitude de dépenser à tout va. « Une fois qu’on est habitué à voyager en classe affaires et à descendre dans des hôtels cinq étoiles, c’est extrêmement difficile de réduire la voilure, » explique l’ancien trader. « On reste englué dans ses habitudes dépensières, et on n’économise pas ou on n’investit pas assez pour l’avenir. »
Si vous avez de l’argent de côté, vous aurez un plus large éventail d’options de carrière en cas de retournement du marché. Quand Shahzad Younas était trader de portefeuille pour Morgan Stanley, il a économisé autant qu’il le pouvait. « Je n’ai jamais été très dépensier, » expliquait-il récemment. Alors que ses collègues dépensaient sans compter en écoles privées et grandes maisons, il raconte avoir vécu modestement et remboursé ses dettes. « Je voulais avoir des économies car je ne savais pas quand j’aurais de nouveau des revenus. » Ce sont précisément ces économies qui lui ont permis de quitter Morgan Stanley et de monter Muzz, un site de rencontres destiné aux musulmans et soutenu par Y Combinator, dont il ambitionne de faire une licorne.
Parvenir à conserver son poste dans les services financiers peut impliquer de faire des choix judicieux pour des postes en pleine expansion à un instant t du cycle (comme par exemple quitter le trading pour la finance digitale puis revenir au trading). Si vous partez pour des raisons purement financières, vous serez moins à même de sélectionner les postes offrant des perspectives durables en termes de revenus comme de potentiel. « Si vous n’avez pas d’économies et que vos frais fixes sont très élevés, il vous faudra accepter la première chose qui vous tombera sous la main, » poursuit notre ex-trader. « Ce n’est que maintenant que je suis en mesure de faire du conseil financier, parce que je suis libre financièrement, » avoue-t-il. « Pour moi, c’est une passion, et elle paie, mais j’ai aussi des investissements qui couvrent largement mon niveau de vie. »
Voilà la vraie mesure de la réussite, conclut-il. « Pouvoir être à même de faire ce que l’on veut, quand on veut. » Et cela nécessite une bonne dose d’anticipation.
Crédit photo : Tim King sur Unsplash
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